A compter du 1er juillet 2018,
la vitesse est limitée à 80 km/h sur les routes bidirectionnelles du réseau secondaire non équipées d'un séparateur central.
Par routes avec séparateur central, il faut entendre routes physiquement séparées par une ou deux glissières métalliques, en béton ou par un terre-plein. Une ligne blanche, des zébras ne sont pas un séparateur central.
Cette limitation de la vitesse maximale à 80 km/h sur les routes à double-sens sans séparateur central ne concerne pas les routes à deux fois deux voies et des routes à trois voies qui sont conçues pour permettre des dépassements sécurisés.
Certaines routes du réseau secondaire restent donc limitées à 90 km/h, car elles sont configurées de telle sorte qu'elles permettent de sécuriser davantage les dépassements. Il s'agit des tronçons de route comportant au moins deux voies affectées (deux fois deux voies et trois voies à un même sens de circulation, et uniquement dans ce sens de circulation. Si la voie opposée à cette double voie est unique, la vitesse limitée à 80 km/heure.
Au 1er juillet 2018
tous les panneaux de limitation de vitesse à 90 km/h sur les routes concernées par la mesure sont soit déposés, ou bâchés, soit remplacés par un panneau « 80 ».
Au 1er juillet 2018,
tous les radars situés sur les routes concernées par le changement de vitesse ont été paramétrés à la vitesse limite autorisée de 80 km/h. La mise à jour a été effectuée à distance.
Selon le recensement effectué par les autorités détentrices du pouvoir de police de la circulation, 11 000 panneaux de signalisation sont concernés sur tout le territoire.
Les routes à double sens sans séparateur central représentent 55% de la mortalité
routière.
La vitesse est la première cause des accidents mortels en France (31%), suivie de l'alcool (19%), puis des stupéfiants (9%).
Selon le comité des experts du Conseil national de la sécurité routière du 29 novembre 2013, une réduction de la vitesse maximale autorisée de 90 à 80 km/h sur les routes à double sens sans séparateur central permettrait de sauver entre 300 et 400 vies par an et de réduire le nombre de personnes blessées (73 384 personnes en 2017 dont 24 732 ont dû être hospitalisées).
Agir sur la vitesse permet de diminuer le nombre des accidents de la route et leur gravité. Le
chercheur norvégien Rune Elvik a étudié
500 programmes de diminution de vitesse dans le monde. Le chercheur confirme l'estimation française de vies épargnées par cette mesure de rupture de réduction de la vitesse maximale autorisée.
Cette mesure permettrait d'améliorer la fluidité du trafic et de diminuer les
émissions polluantes dans l'
environnement.
La distance d'arrêt atteint 70 mètres à une vitesse de 90 km/h pour 57 mètres à 80 km/h.
L'abaissement de 90 km/h à 80 km/h de la vitesse autorisée augmente la durée des trajets de 11%. Les 41 kilomètres séparant Châteauroux de Lignières prendront 34 minutes et 20 secondes à 80 km/h au lieu de 31 minutes à 90 km/h.
Trois questions au
Professeur Philippe Azouvi, Chef du Service de Médecine Physique et de Réadaptation, Hôpital Raymond Poincaré de Garches, AP-HP
En cas d'accident, si je vais vite et que je décélère en cas d'obstacle, quel effet cela peut-il avoir sur mon organisme ?
"L'organisme humain n'est pas capable de résister à des forces de décélération / accélération violentes. Ces dernières libèrent une énergie cinétique considérable en cas d'impact à grande vitesse. Ces forces s'appliquent sur le corps humain même en l'absence de choc direct sur l'organisme, ce qui explique que même les véhicules modernes très sécurisés ne mettent pas complètement à l'abri. Elles peuvent créer des lésions viscérales dans le thorax et l'abdomen par exemple, mais surtout sur le cerveau. L'accélération linéaire entraîne des déplacements d'avant en arrière et/ou d'arrière en avant du cerveau qui vient percuter les reliefs osseux du crâne, qui est dense, le choc cerveau/crâne pouvant créer des lésions de contusion au niveau des impacts (coup et contre-coup). L'accélération angulaire ou rotatoire, lors d'un tonneau ou d'une tête à queue par exemple, entraîne des lésions d'étirement, voire de cisaillement des axones (« câbles » reliant les structures cérébrales entre elles) qui peuvent toucher l'ensemble du cerveau et aboutir à une perte de connaissance, voire au coma, avec toutes les conséquences durables que cela peut engendrer".Quelles sont les conséquences des accidents liés à la vitesse sur vos patients ? Pouvez-vous nous parler des cas que vous rencontrez le plus souvent dans le cadre de vos fonctions ?"Les trois principales lésions traumatiques sources de handicap définitif sont les lésions des membres (fractures, luxation, amputations), de la colonne vertébrale et de la moelle épinière (para ou tétraplégie, c'est-à-dire paralyse définitive des jambes ou des 4 membres), et du cerveau (traumatisme crânien). Le traumatisme crânien est la cause la plus fréquente de handicap définitif après un accident de la voie publique. Il entraîne chez les survivants un handicap complexe dit « invisible » en rapport avec des modifications du caractère, de la personnalité, du comportement et des fonctions cognitives (mémoire, attention, vitesse de traitement de l'information, raisonnement, jugement
)".Pourquoi cet engagement en faveur d'un abaissement de la vitesse à 80 km/h sur les routes bidirectionnelles sans séparateur central ?
"Etant depuis 30 ans impliqué dans la prise en charge en rééducation de blessés graves victimes de traumatismes crâniens, je suis très sensibilisé à la question de la prévention et de la sécurité routière. Nous rencontrons tous les jours des blessés et leurs familles qui vivent des situations dramatiques, et dont la vie a été bouleversée par un accident. Or, beaucoup de ces accidents auraient pu être évités. Le spectacle de ces vies brisées ne peut que nous interroger, en tant que soignant mais aussi en tant que citoyen. Nous avons dans notre activité professionnelle constaté, depuis le début des années 2000, l'efficacité des mesures de prévention (détecteurs de vitesse notamment) avec des effets tangibles sur la traumatologie. Nous nous inquiétions donc de constater depuis quelques temps une stagnation, voire une dégradation des résultats dans notre pays, et plus particulièrement sur les usagers les plus vulnérables (deux-roues motorisés notamment). Dans ce contexte, un renforcement de la prévention nous semblait indispensable, et en particulier la limitation de vitesse sur les axes les plus dangereux (sans séparateur central). Cette mesure nous semble une décision de bon sens, simple et efficace (à laquelle s'ajoutent d'autres mesures de prévention importantes, telles que la lutte contre l'alcool ou les substances psycho-actives ou encore contre l'usage du téléphone au volant, qui est également importante mais beaucoup plus difficile à mettre en œuvre) C'est pourquoi avec plusieurs représentants du monde de la santé et de victimes de la route, nous avons pris la décision de signer une tribune collective publiée par LeMonde.fr pour l'abaissement de la vitesse."