L'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi devient un simple échange de participations croisées
Après quatre années de tensions, de discussions et d'immobilisme entre
Renault et
Nissan,
Renault va vendre 28,4% des actions de Nissan.
A l'issue de ces discussions, Renault et Nissan conserveront une participation croisée de 15%, avec une obligation de conservation, ainsi qu'une obligation de plafonnement de leurs participations.
Les deux constructeurs seront en mesure d'exercer librement les droits de vote attachés à leur participation directe de 15%, avec un plafond de 15%.
De fait,
Renault cède le contrôle opérationnel et stratégique de Nissan.
Le
« partenariat » résultant de ces discussions est un simple échange de participations croisées, à des années lumières de l'alliance Renault-Nissan, née il y a 24 ans lors du sauvetage financier de Nissan par Renault.
L'ambition affichée de Renault est de :
« renforcer les liens de l'Alliance et de maximiser la création de valeur pour l'ensemble des parties prenantes avec une approche en trois dimensions :
- Relancer le partenariat avec des projets opérationnels à forte création de valeur
- Renforcer l'agilité stratégique avec de nouvelles initiatives auxquelles les partenaires peuvent se joindre »
Etant donné, le fonctionnement de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi depuis l'affaire Ghosn (alors que Renault détenait 43,4% des actions de Nissan et avait le contrôle opérationnel et stratégique de Nissan), on ne peut que s'interroger sur
la capacité de l'équipe dirigeante actuelle de Renault à défendre les intérêts de Renault dans le cadre d'une gouvernance désormais équilibrée entre Renault et Nissan.
En 2019, l'équipe dirigeante actuelle de Renault avait lancé le nouveau conseil opérationnel de l'alliance.
En 2020, l'équipe dirigeante actuelle de Renault avait lancé un nouveau mode de coopération.
En 2022, l'équipe dirigeante actuelle de Renault avait lancé une nouvelle feuille de route pour l'alliance.
En 2023, l'équipe dirigeante actuelle de Renault cède le contrôle de Nissan et de l'alliance.
En 4 ans, l'alliance est passée d'un projet de
fusion visant à constituer un groupe automobile franco-japonais unifié à des
entités morcelées scellant des partenariats multiples et variés hors alliance (sportive Renault / Lotus, Renault Korean Motors cédée en partie à Geely, prise de participation de Geely dans Renault, etc.).
Nissan s'engagerait à devenir un actionnaire stratégique de la structure Ampere, entité crée par Renault dédiée à la
voiture électrique.
Renault fait le pari d'« une gouvernance équilibrée et des participations croisées pour favoriser l'accélération des gains d'efficacité opérationnelle», ce qui semble bien hasardeux au vue de l'historique de la gestion des projets communs au sein de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.
La fin de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi (Renault parle « des nouvelles bases de leur partenariat ») démontre que Mr Ghosn ne s'était pas trompé lorsqu'il assurait la présidence à la fois de Nissan et de Renault afin de s'assurer de l'avancement opérationnel des décisions stratégiques prises au sein de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.
La valorisation des actions Nissan étant basses, Renault va devoir attendre que les conditions économiques soient plus favorables avant de céder les 28,4% d'actions de Nissan détenues.
De facto,
la prise de participation financière annoncée du constructeur chinois Geely dans Renault avait mis un terme à l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.