Sixt France et l'Ifop publient la troisième édition de l'Observatoire des mobilités qui s'intéresse à l'évolution des comportements et attentes des Français en matière de mobilités, avec une attention particulière portée cette année à la question du
véhicule électrique alors que l'interdiction de la vente de nouveaux véhicules à moteur thermique à horizon 2035 en Europe a été actée.
Si les ventes de
véhicules électriques progressent en France, avec plus de 200 000 véhicules électriques vendus en 2022 (en hausse de 25%), les intentions d'achat de véhicules électriques sont en baisse par rapport à l'année dernière.
Seuls 27% des Français déclarent avoir l'intention d'acquérir un véhicule électrique dans les prochaines années. Ce chiffre représente une diminution de 5 points par rapport à 2022.
Plus inquiétant encore,
seuls 42% des Français estiment que le développement de l'usage du véhicule électrique représente une bonne solution pour lutter contre le changement climatique, contre 58% « une mauvaise solution », soit une proportion inverse à celle de l'année passée.
En 2022, 58% des Français considéraient la
voiture électrique comme « une bonne solution » contre 42% « une mauvaise solution ».
« L'étude dévoile un clivage important dans la société française concernant le véhicule électrique » commente Frédéric Dabi, Directeur général de l'Ifop. Ceux qui estiment que le véhicule électrique constitue une bonne solution pour lutter contre le changement climatique proviennent essentiellement des segments jeunes, urbains et diplômés du supérieur. Ce sentiment s'avère bien plus minoritaire chez les seniors, les ruraux et les moins diplômés. ».
Corolaire de ce scepticisme marqué, seuls 33% des Français estiment que l'interdiction de la vente de véhicules à moteur thermique à horizon 2035 est « une bonne décision » (7% une très bonne décision) contre 67% qui jugent qu'il s'agit d'une « mauvaise décision » (33% une « très mauvaise décision »).
Ce scepticisme n'est pas en soi une surprise.
La croissance à marche forcée des ventes de véhicules électriques en France
est le fruit d'un ensemble de contraintes pesant sur l'ensemble des acteurs (interdictions de circulation pour les propriétaires de véhicules anciens, obligations d'achat de véhicules électriques pour les entreprises et les collectivités locales, lourdes amendes pour les constructeurs automobiles ne vendant pas suffisamment de véhicules électriques et futures interdictions de ventes, etc.).
Ce scepticisme marque
les limites des réglementations contraignantes pesant sur les automobilistes.
Et il serait illusoire de croire qu'un travail d'explication pourrait convaincre les Français propriétaires de véhicules anciens concernés par les interdictions de circulation alors que l'interdiction de la vente de véhicules à moteurs thermiques à horizon 2035 vient d'être entérinée par l'Europe.
Lorsqu'on demande aux Français leurs objections à l'achat d'un véhicule électrique,
54% des Français considèrent en premier lieu que le coût d'achat et de fonctionnement sera trop élevé et 29% que l'autonomie de déplacement sera trop faible (en baisse de 5 points par rapport à 2022).
Les Français sont une large majorité (73%, en hausse de 5 points par rapport à 2022) à indiquer qu'
un prix moins élevé pourrait les inciter à adopter le véhicule électrique.
Des résultats qui montrent la nécessité de rendre le véhicule électrique plus attractif financièrement.
L'enquête montre que
seulement 16% des Français estiment que le véhicule électrique est plus économique que le véhicule thermique.
François Gatineau, Président de Mobileese, cabinet de conseil et bureau d'études certifié en mobilité électrique, explique : « Pour un véhicule thermique, le budget global se découpe de manière différente d'un véhicule électrique.
Pour le 1er type de véhicule, un tiers de budget correspond au prix à l'achat et deux tiers à l'usage alors que c'est l'inverse pour un véhicule électrique. Expliquer cela aux
conducteurs permettra de faire un grand pas en avant. Par ailleurs, concernant le prix de l'énergie, l'électricité augmente, mais le diesel et l'essence sont à 2 € le litre pour tous les Français.
Même si les Français venaient à s'habituer à ce prix, ce palier pourrait être largement franchi ces prochains mois. Le ratio du prix au kilomètre Electricité / Diesel-Essence est toujours de un pour quatre depuis plusieurs années. En effet, un conducteur de véhicule électrique qui roule avec des réflexes d'écoconduite sur un véhicule électrique de milieu de gamme peut facilement faire du 15 kWh au 100 km soit au nouveau tarif électricité Heure Pleine (0,22 * 15 = 3,3 € au 100 km). Un véhicule thermique fait du 6l*2€ - pour l'instant - ce qui équivaut à 12 € au 100 km ».
Source : Observatoire des mobilités Sixt France x Ifop - troisième édition
Image by Gerd Altmann from Pixabay