A l'approche des fêtes de fin d'année, la Sécurité
Routière rappelle que l'alcool au volant est une cause majeure de mortalité sur les routes.
Un
conducteur excessivement alcoolisé (avec une alcoolémie supérieure à 0,5 g/l dans le sang) est en cause
dans un accident mortel sur trois. La nuit, c'est le cas pour un accident mortel sur deux. Les fins de semaine et jours fériés, le nombre de tués au volant impliquant l'alcool est encore supérieur.
Chaque année,
plus de 1 000 personnes sont tuées et 4 000 gravement blessées dans les accidents impliquant un conducteur alcoolisé.
Parmi les
conducteurs impliqués dans un accident mortel avec une alcoolémie positive, celle-ci dépasse le taux de 1,5g/l dans 60% des cas.
Une personne alcoolisée (avec une alcoolémie supérieure à 0,5 g/l dans le sang) a
8,5 fois plus de risque d'être responsable d'un accident mortel.
Les dangers d'une conduite sous l'emprise de l'alcool sont connus : grisé par un effet désinhibant, le conducteur multiplie les comportements à risque (excès de vitesse, oubli d'attacher sa ceinture de sécurité, réflexes amoindris, somnolence
) et provoque des drames humains.
Deux accidents mortels avec facteur alcool sur trois consistent en
une perte de contrôle du véhicule sur une route secondaire hors agglomération.
Neuf conducteurs alcoolisés sur dix impliqués dans un accident mortel sont des hommes.
Un
quart des tués dans des accidents avec alcool ont entre 18 et 24 ans alors qu'ils ne représentent que 9% de la population. L'alcool au volant est la première cause de mortalité pour les jeunes âgés entre 18 et 24 ans.
Le taux d'implication du facteur alcool dans la mortalité routière n'a pratiquement pas varié depuis l'année 2000. En valeur absolue, le nombre de tués a diminué de moitié.
Les progrès observés sur la mortalité en présence d'alcool
sont donc strictement proportionnés aux progrès d'ensemble observés sur la mortalité routière.
Selon le baromètre IFOP d'avril 2013,
87% des conducteurs affirment faire attention à ne pas abuser des boissons alcoolisées avant de prendre le volant.
L'intervention concrète sur une tierce personne ayant bu, pour l'empêcher de prendre le volant progresse nettement :
le nombre de personnes interrogées qui déclarent intervenir plus souvent est passé de 65% en 2011 à 82% en 2013.
La
consommation d'alcool avant de prendre le volant est aujourd'hui considérée avec sévérité par une majorité de Français : 73% estiment qu'il s'agit là du comportement le plus dangereux sur les routes.
Devant l'ampleur du phénomène de l'alcool au volant, et même si la Sécurité Routière s'alarme, on ne peut que s'interroger sur la faiblesse des moyens consacrés à la lutte contre la conduite alcoolisée en France par les pouvoirs publics.
Statistiquement,
le nombre de contrôle de l'alcoolémie au volant est particulièrement faible. Et cela d'autant plus si on compare ces chiffres à ceux du contrôle de la vitesse.
Face à la perte de discernement imputable à la consommation d'alcool, c'est aux proches, à l'entourage, d'intervenir pour empêcher le conducteur alcoolisé de reprendre la route dans la nuit de Noël.
Alcool et conduite : quatre questions au docteur Patrick Daimé.
Médecin généraliste, addictologue au Centre hospitalier universitaire de Rouen, secrétaire général de l'Association nationale de prévention en alcool et addictologie (ANPAA).
« Il faut tout tenter pour retenir une personne qui a bu, cela peut être vital. Protéger ses proches, ses amis, ses invités, c'est aussi limiter la quantité d'alcool disponible et éviter de proposer de l'alcool à ceux qui nous paraissent avoir suffisamment bu. »Pourquoi une personne, apparemment responsable, prend-elle le risque de s'alcooliser alors qu'elle sait qu'elle va conduire son véhicule pour rentrer chez elle ?Les différentes raisons qui conduisent à s'alcooliser sont les habitudes de convivialité (l'alcool est omniprésent dans notre pays), la recherche de plaisir, voire de mieux être. Un des effets majeurs de l'alcool est de modifier le comportement de la personne. Il faut bien comprendre que ce qui paraît évident à jeun le sera moins, sinon plus du tout, sous l'effet de l'alcool. Ainsi tout le monde sait qu'il ne faut pas conduire quand on a bu et pourtant
En fait, c'est avant le premier verre que l'on peut anticiper et décider de la quantité que l'on va consommer dans une soirée. J'attire toujours l'attention de mes patients et étudiants sur le fait que chaque verre bu diminue un petit peu plus la capacité et la motivation à limiter sa consommation.
Un verre entraîne le suivant et très rapidement, on ne compte plus. Quand quelqu'un a trop bu de façon aiguë : quels comportements et quels raisonnements adopte-t-il ?La dangerosité spécifique de l'alcool est son pouvoir désinhibant qui permet des transgressions et des prises de risque que l'on n'aurait jamais réalisées en pleine lucidité. Il faut savoir que plus une personne a bu et plus elle deviendra ingérable. Plus elle a bu et moins elle est accessible à un raisonnement logique et à des
conseils de bon sens. Elle se retrouve dans un état «de toute puissance» et reste convaincue qu'elle maîtrise tout et qu'il ne peut plus rien lui arriver
et pourtant.
Comment dans ce cas, selon vous, gérer quelqu'un qui a trop bu pour l'empêcher de reprendre le volant ?On essaiera toujours de le convaincre de rester sur place, d'accepter d'être raccompagné à son domicile (ami sobre, taxi ou autre
). Mais ce n'est pas facile. Les proches utilisent tous les trucs et astuces (cacher les clés, débrancher un fil de la batterie, déplacer le véhicule pour le cacher, etc.) mais, quand cela échoue, ils peuvent être en situation de culpabilité. Malgré tout, il faut tout tenter pour les retenir, cela peut être vital. Protéger ses proches, ses amis, ses invités, c'est aussi limiter la quantité d'alcool disponible et éviter de proposer de l'alcool à ceux qui nous paraissent avoir suffisamment bu.
À cet égard, y a-t-il des comportements vraiment différents entre les hommes et les femmes ?Que ce soit un homme ou une femme, à alcoolisation égale, les troubles du comportement sont similaires. Cependant la fréquence des sur-alcoolémies est plus importante chez les hommes que chez les femmes. En outre, sur le plan comportemental, une femme acceptera souvent plus facilement qu'un homme de céder le volant à un tiers.
Source: Sécurité Routière
Baromètre IFOP d'avril 2013 établi sur la base d'un échantillon de 1056 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus
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