En raison de la crise sanitaire provoquée par le
Covid-19, l'industrie
automobile pourrait faire face à une
baisse des volumes allant jusqu'à 44 millions d'unités au cours des trois prochaines années. Soit l'équivalent de 1,3 billion de dollars de chiffre d'affaires.
Alors que les marchés mondiaux étaient déjà déclinants et que le secteur automobile avait initié une transformation historique, abandonnant les moteurs à explosion pour des investissements massifs dans l'électrique, les effets de la crise Covid-19 posent à l'ensemble des acteurs de
graves problèmes de revenus et de coûts qui imposent des choix cornéliens en matière d'allocation de capitaux. En raison, d'une part, de la fermeture des usines suivie par des redémarrages souvent lents et, d'autre part, de la confiance entamée des consommateurs et de la hausse du chômage, mais aussi aux effets d'une généralisation durable du télétravail, l'industrie pourrait être confrontée à une baisse des volumes pouvant atteindre 44 millions d'unités sur la période 2020-2023 (par rapport aux niveaux de 2019).
Rien que cette année, les ventes des constructeurs mondiaux devraient
baisser de 20 millions d'unités, soit l'équivalent du marché européen pré-crise, pour approcher les 70 millions d'unités.
Les constructeurs européens ne devraient pas
revenir au pic de 2019 avant 2025.
Le précédent moteur de croissance de l'industrie, la
Chine, premier pays à fermer et à redémarrer ses usines, devrait se remettre le plus rapidement, avec une prévision de 22,5 millions de véhicules vendus en 2020 et une croissance lente et constante prévue jusqu'en 2025 (2020-2025, hausse de 4,2 %).
Le rebond devrait être moins marqué aux
États-Unis, où les volumes pourraient atteindre 13,6 millions.
Les volumes ne devraient pas dépasser les 14,1 millions d'unités sur le continent
européen, soit une baisse estimée de 32% (dont 35% pour le marché Français).
En 2019, avant la crise sanitaire provoquée par le Covid-19, seule une poignée des 401 sous-traitants
automobiles étudiés étaient considérés comme financièrement "solides" selon des calculs d'AlixPartners prenant notamment en compte le ratio dette/capitaux propres, les besoins en fonds de roulement et le rendement du capital investi (ROCE).
Les entreprises représentant la moitié du chiffre d'affaires mondial de l'industrie étaient soit considérées en « situation instable » (catégorie « stressed », représentant 43% du total) soit classées « en difficultés » (catégorie « distressed », représentant 7 %).
Le rendement des capitaux investis (ROCE), une mesure importante de l'efficacité et de la rentabilité des capitaux investis, a baissé de 47 % en moyenne pour les constructeurs automobiles mondiaux entre 2015 et 2019 et de 36 % pour les sous-traitants.
L'étude révèle que depuis 2015 et jusqu'au premier trimestre 2020, l'endettement des fournisseurs a augmenté de 33 %, tandis que l'endettement total des constructeurs automobiles a augmenté de 36 % sur la même période.
L'industrie automobile pourrait se retrouver à l'aube d'une
sélection naturelle dans en raison de la baisse drastique des volumes et l'envolée de l'endettement.
Les cinquante plus grands constructeurs automobiles et fournisseurs automobiles mondiaux ont contracté pour 52,4 milliards de dollars de nouvelles dettes depuis le début du mois de mars, selon l'étude « Global Automotive Outlook : Mastering Uncertainty » menée par AlixPartners et fondée sur l'analyse des bilans de plus de 300 constructeurs et fournisseurs mondiaux. Soit une hausse de 23% par rapport à leur dette collective cumulée de 318 milliards de dollars fin 2019.
« L'industrie automobile est confrontée à un changement profond qui ne se résume pas au seul développement des voitures électriques. Les survivants de la crise, les plus forts au sens darwinien, auront de nouveaux modèles commerciaux, plus flexibles et souvent numériques, et des gammes allégées, adaptées aux besoins des clients, juge Laurent Petizon, directeur associé en charge du secteur automobile chez AlixPartners France.
A court terme, cela signifie une transformation accélérée et une discipline en matière de coûts, les entreprises devant revenir aux points morts de 2007-2009 afin d'être en phase avec les nouvelles prévisions de ventes mondiales ».« Les tendances observées l'an dernier devraient s'accentuer : la réduction du nombre de modèles et l'élargissement des plateformes, mais aussi les fusions-acquisitions et les coopérations accrues conduiront à des fermetures d'usines. Nous en avons dénombré 24 dans le monde l'an dernier, souligne Georgéric Legros, directeur et expert de l'industrie automobile chez AlixPartners France.
En revanche, une part substantielle des 79 milliards de dollars d'investissements annoncés dans les véhicules autonomes prévus sur la période 2020-2025 ne devrait pas se concrétiser ».Source: AlixPartners