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Alors que le marché automobile électrique français n'a jamais été aussi sous pression, que les constructeurs automobiles, les loueurs automobiles et les distributeurs automobiles subissent des pertes importantes sur les retours des locations longue durée des véhicules électriques, et que le rythme de développement de la demande est très lent, il est opportun de se poser la question des perspectives à court et moyen terme des valeurs résiduelles des véhicules électriques.
C'est ce que fait Indicata dans son étude de mai 2025 sur les perspectives à court et moyen terme pour les valeurs résiduelles des véhicules électriques.
Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics tentent de stimuler la demande de véhicules électriques par des règlementations, des subventions et des dispositifs fiscaux.
A défaut de pouvoir contraindre un automobiliste à rouler en voiture électrique, les pouvoirs publics cherchent à développer artificiellement la vente de véhicules électriques aux particuliers et contraindre les entreprises à passer à la mobilité électrique.
Les très nombreux dispositifs mis en place ont des impacts négatifs directs et indirects sur la valeur résiduelle des véhicules électriques.
L'incertitude économique et l'attentisme des acheteurs potentiels générés par les différentes mesures ou annonces a un impact négatif indirect sur la valeur résiduelle des véhicules électriques.
Les particuliers et les entreprises repoussent leurs achats automobiles en attendant des jours meilleurs, ce qui contribue à augmenter les stocks de véhicules électriques neufs et d'occasion, puisque la demande est plus faible.
Certaines mesures fiscales ont un impact direct négatif sur la valeur résiduelle des véhicules électriques.
CAFE
Au niveau européen, la règlementation CAFE, malgré les propositions de flexibilité envisagées qui visent à « repousser le tas de sable », contribue à la baisse des valeurs résiduelles des véhicules électriques. Pour éviter de payer de lourdes amendes, les constructeurs automobiles sont dans l'obligation d'immatriculer un certain nombre de véhicules dits « non-polluants » pour compenser les immatriculations de véhicules « plus polluants ». Dans les faits, il faudrait atteindre, en France, une part de marché des véhicules électriques d'environ 25% pour éviter le paiement de lourdes amendes. Depuis plusieurs mois, la part de marché des véhicules électriques oscille entre 16 et 18%. Si la demande ne se développe pas davantage dans les années à venir, les constructeurs se retrouveront dans l'obligation de réaliser artificiellement des ventes de véhicules neufs au travers d'immatriculations tactiques, c'est à dire des immatriculation de véhicules de démonstration et des ventes à loueurs courte durée. Ces deux canaux sont les canaux les plus destructeurs de valeurs, et ils impactent directement les valeurs résiduelles des véhicules d'occasion âgés entre 6 et 18 mois. Plus les volumes qui reviendront sur le marché de l'occasion sur des âges récents seront importants, plus l'impact sera négatif sur l'ensemble des valeurs résiduelles, sur ces âges récents et par effet de diffusion sur l'ensemble des valeurs résiduelles durant le cycle de vie total.
BONUS ECOLOGIQUE
En France, les différents dispositifs visent à développer l'offre de véhicules électriques sur le marché de l'occasion, et non à stimuler la demande. Alors qu'à priori, la baisse du bonus écologique de 4 000 à 2 000 euros pourrait avoir un impact positif sur la valeur résiduelle des véhicules électriques, il s'avère qu'au final, les impacts sont plutôt négatifs. En effet, le bonus écologique impacte directement le prix du véhicule électrique en occasion et agit comme une remise déguisée sur le prix du véhicule électrique neuf. L'acheteur d'une voiture électrique d'occasion étant parfaitement au courant de cette « remise » va la considérer dans sa négociation du véhicule électrique d'occasion, comme le point de départ de la valeur à neuf du véhicule (le prix catalogue moins le montant du bonus écologique). Au final, le bonus écologique entraîne une baisse de la valeur résiduelle en %, puisque la valeur résiduelle en % est le rapport entre le prix du véhicule d'occasion et le prix catalogue du véhicule neuf hors bonus écologique.
Par contre, l'acheteur d'un véhicule d'occasion ne se préoccupe que de la valeur résiduelle exprimée en euros.
La valeur résiduelle en % a une grande importance dans les formules locatives, la dépréciation du véhicule, intervenant pour 60% dans la constitution d'un loyer.
Réduire le montant du bonus écologique, a plutôt a priori un impact positif sur la valeur résiduelle en %. Toutefois, ce n'est vrai que dans le cas d'un marché mature ne nécessitant pas d'incitations financières pour le développer. Or, le marché des véhicules électriques en France n'est pas mature et nécessite encore, en raison de prix trop élevés, des incitations financières pour se développer. La conséquence directe de la réduction du bonus écologique est une augmentation des remises commerciales sur les véhicules électriques neufs pour compenser la perte financière de la réduction du bonus écologique. Ces remises sont venues s'ajouter aux remises existantes pratiquées avant le réajustement du bonus écologique.
MALUS ECOLOGIQUE
Dans le même temps, le malus a été alourdi sur les véhicules jugés polluants, ce qui provoque un impact positif sur les valeurs résiduelles des véhicules concernés. Les acheteurs d'occasions vont se détourner davantage des véhicules neufs soumis à des malus écologiques plus ou moins élevés, pour acquérir des véhicules d'occasion exemptés de malus écologique. Cela va renforcer la demande de véhicules d'occasion, quand dans le même temps l'offre, émanant du marché neuf, tend à se réduire. Plus le rapport entre l'offre et la demande deviendra favorable à la demande, plus l'impact sur les valeurs résiduelles sera positif.
ENTREPRISES
Avec la mise en place d'une taxe sur le verdissement des flottes, les entreprises sont contraintes d'acquérir davantage de véhicules électriques. Les entreprises ayant plus de 100 véhicules en parc et moins de 15% de véhicules à faibles émissions, principalement électriques ou hybrides rechargeables, sont désormais taxées d'une amende de 2 000 euros par véhicule à faible émission manquant. Le montant montera à 4 000 euros en 2026 et à 5 000 euros en 2027. Les véhicules électriques achetés par les entreprises se retrouveront sur le marché de l'occasion 36 à 48 mois après. Contraindre les entreprises à acquérir des véhicules électriques va impacter durement les valeurs résiduelles si la demande ne progresse pas davantage. Cela pourrait contribuer à gonfler artificiellement l'offre de véhicules électriques sur le marché de l'occasion dans les années à venir, et donc potentiellement impacter négativement les valeurs résiduelles, si la demande ne se développe pas plus et plus rapidement.
Les entreprises, contraintes d'acquérir des véhicules électriques n'assument pas le risque inhérent à la valeur résiduelle, qui est entièrement porté par les constructeurs automobiles, les loueurs automobiles, les captives financières des constructeurs ou les distributeurs.
Les valeurs résiduelles retenues dans les offres actuelles sont déjà bien supérieures aux valeurs réelles des véhicules électriques sur le marché de l'occasion.
La fiscalité est en train d'élargir le fossé entre le marché du véhicule neuf et les attentes du marché du véhicule d'occasion, oubliant que tous les véhicules neufs deviennent tôt ou tard des véhicules d'occasion.
Source: étude Indicata de mai 2025 sur les perspectives à court et moyen terme pour les valeurs résiduelles des véhicules électriques.
Photo lumineux-leger-ville-espace-20589759 de Jakub Zerdzicki sur Pexels