La
transition technologique actuelle (électrique, autonome, connectée) est un
accélérateur de changement pour l'industrie automobile centenaire.
De fabricants de moteurs et assembleurs de pièces, les constructeurs
automobiles ont l'opportunité de
devenir fournisseurs de services de mobilité, chimistes avec la batterie, diffuseurs de contenus dans le véhicule, fournisseurs de services énergétiques (recharges), etc.
Encore faut-il que les
« business models » soient existants et viables et que les constructeurs automobiles soient capables d'être performants économiquement.
La
data est annoncée comme centrale dans la performance économique des constructeurs automobiles.
Certains constructeurs automobiles ont annoncé des objectifs extrêmement ambitieux pour la monétisation de la donnée à l'horizon 2040.
Mais en 2023, les « business models » doivent encore être identifiés.
S'il est évident que la donnée sera clé dans le secteur automobile comme dans d'autres secteurs d'activité tels que la distribution, le
« business model » n'est pas encore identifié et des mythes subsistent.
Sans parler des très nombreuses législations actuelles et à venir visant à préserver les données personnelles de l'individu.
Il existe principalement deux types de monétisation des les données personnelles: l'utilisation des données personnelles pour la
publicité ciblée (à l'exemple de Facebook, Google, Criteo, etc.) ou l'utilisation des données personnelles pour
optimiser le service délivré (Amazon, Uber, etc).
L'
utilisation du véhicule comme support à la publicité semble très difficile à envisager, ne serait-ce que pour des questions de sécurité routière. En effet, pour des véhicules non autonomes,
le conducteur ne pourra pas être distrait par de la publicité et donc les publicités seront limitées.
La publicité ne semble envisageable que dans le contexte du futur
véhicule autonome.
Quelques ordres de grandeur pour faire preuve de pragmatisme en la matière: Stellantis vend 6 millions de véhicules par an. L'automobile est un marché de masse, mais ce marché est
sans commune mesure avec les médias digitaux.
Facebook dispose de
2 milliards d'utilisateurs quotidiens et Google réalise
7 milliards de recherches chaque jour.
TF1 qui dispose de 26 millions de téléspectateurs en moyenne chaque jour génère un chiffre d'affaires publicitaire de 1,7 milliard d'euros.
A rapporter aux 100 milliards de coûts de fabrication des véhicules de Stellantis, c'est marginal et surtout, cela ne constitue pas un « business model » viable à ce jour.
La
data « pour la publicité » serait liée à l'avènement du véhicule autonome qui pourrait diffuser du contenu.
Ce serait tout au plus un
revenu d'appoint car les coûts de fabrication des
véhicules autonomes seront très élevés. Et les volumes d'audiences ne seront pas aussi importants que pour les smartphones et les ordinateurs. N'oublions pas que les utilisateurs de véhicules autonomes utiliseront toujours leur smartphone.
L'utilisation de la donnée pour optimiser le service proposé est déjà une réalité. Les trajets avec Uber, Waze…, ou encore la maintenance connectée en sont des illustrations.
De là à croire qu'il y a un « business model » viable de substitution, il y a un monde.
L'utilisation de la donnée permettra tout au plus d'optimiser le service délivré et éventuellement d'augmenter la fidélité du client vis-à-vis du constructeur automobile.
Le véhicule pourrait identifier les pannes à venir, prévenir le conducteur, prévenir le réseau après-vente et tenter de garder au maximum le propriétaire du véhicule dans le réseau de la marque.
La donnée collectée sera génératrice de valeur et constituerait un élément de la performance économique du constructeur.
Source : Livre blanc TNP La mobilité en 2035 - Les « business models » des constructeurs automobiles en 2035 - Guillaume Kerbrat, directeur associé, TNP
Image par mohamed_hassan de Pixabay