Comme de nombreux acteurs de l'industrie, les constructeurs
automobiles voient leur
modèle économique bouleversé par la digitalisation.
Le premier défi consiste pour les industriels de l'
automobile à
trouver la juste posture face aux leaders du digital, compte-tenu de la différence de moyens financiers entre les deux mondes.
Les 50 plus grandes entreprises du secteur automobile représentent uniquement 20% de la capitalisation boursière des 15 leaders du digital en 2017. C'était 40% en 2010.
Selon l'étude KPMG conduite auprès de 900 dirigeants sur les tendances clés du secteur automobile à travers le monde, les décideurs du secteur automobile se
montrent partagés entre une stratégie de pure compétition (privilégiée par 51% d'entre eux) et une approche plus coopérative (pour 49% d'entre eux).
Ce résultat apparemment indécis masque en fait une prise de conscience nette de la nécessité de mieux
coopérer pour tirer plus de valeur de l'ensemble de l'écosystème de la mobilité, au-delà de la simple vente de véhicules.
Il montre aussi que la maîtrise totale de la relation client ou la domination de l'écosystème de la mobilité par un seul acteur apparait aujourd'hui peu probable.
Les acteurs du secteur automobile s'accordent sur
l'importance de la donnée pour fournir un service amélioré aux consommateurs.
Ils sont 83% à considérer que la donnée est le carburant essentiel à l'amélioration de l'expérience client et 2 décideurs sur 3 sont convaincus que la
maîtrise de l'ensemble des données (générées par le produit et par l'utilisateur) est l'objectif clé à poursuivre pour les prochaines années.
85% des dirigeants estiment aussi que la
confiance dans l'utilisation des données et la cyber-sécurité vont devenir des
critères incontournables lors de l'achat d'un véhicule.
Dans cet
environnement digitalisé, les constructeurs se distinguent par la confiance des consommateurs dans leur capacité à protéger les données générées par leurs produits et par les services connexes : 17% des utilisateurs confieraient plus facilement l'exploitation de leurs données aux constructeurs tandis que seuls 12% d'entre eux imagineraient les céder aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).
En France, le rapport de confiance est d'autant plus marqué par la défiance à l'égard des géants du web : 18% des consommateurs Français préfèrent confier les données de leurs véhicules aux constructeurs automobiles contre 8% aux majors de l'internet.
Pour accompagner cette transition, les réseaux de distribution doivent s'adapter pour
maitriser les parcours d'achat digitalisés,
apporter des services complémentaires aux utilisateurs, ou se
spécialiser dans le véhicule d'occasion. 56% des décideurs automobiles prévoient une baisse de 30 à 50% du nombre de points de vente physiques à l'horizon 2025.
« L'automobile fait partie d'un écosystème d'actifs physiques, de marques, de services et de contenus. Ce système est ouvert, dynamique et il s'adapte en permanence à l'évolution des technologies et de la réglementation. Il faut trouver le bon équilibre entre les formes nécessaires de concurrence, de coopération, et parfois de consolidation entre les acteurs traditionnels, et par ailleurs intégrer judicieusement ce que les challengers du digital peuvent apporter. » analyse Laurent des Places, Associé KPMG Responsable du secteur Automobile.
Méthodologie:Depuis 1999, KPMG interroge chaque année des dirigeants de l'industrie automobile mondiale pour recueillir leur opinion sur les perspectives et les tendances du secteur. Il interroge également les consommateurs pour cerner leurs usages.
Cette année, KPMG a interrogé plus de 900 dirigeants internationaux et plus de 2 100 consommateurs dans 43 pays.
L'échantillon des dirigeants représente l'ensemble de la chaîne de valeur du secteur automobile: constructeurs, équipementiers, distributeurs, fournisseurs de services financiers, entreprises de locations, fournisseurs de moyens de transports, des entreprises du secteur de l'information et de la communication, des fournisseurs d'énergie et des représentants des pouvoirs publics.