Alors que l'Union européenne a interdit la vente de véhicules thermiques neufs sur le marché européen à partir de 2035, les automobilistes européens ne se précipitent pas pour passer à la
voiture électrique. Et cela, même si de nombreux gouvernements européens introduisent diverses incitations financières pour encourager l»adoption de
véhicules électriques. Dès que les subventions à l»achat sont supprimées ou réduites, les ventes chutent.
Une enquête menée par la société de données
automobiles carVertical montre que près de deux tiers des acheteurs de
voitures en France n'envisageraient pas d'acheter aujourd'hui une
voiture électrique.
La majorité des acheteurs ne sont pas prêts à acheter une voiture électriqueInterrogés sur leur type de carburant préféré, 48,7 % des répondants à l'enquête carVertical ont choisi l'essence, 42,2 % le diesel, 5 % l'
hybride et 3,2 % l'électrique. Cela illustre que les acheteurs privilégient encore largement les moteurs thermiques et ne sont pas prêts à passer à des motorisations alternatives.
Le type de carburant préféré est directement corrélé à l'intention d'acheter un
véhicule électrique. Près de deux tiers des acheteurs Français (62,9 %) déclarent qu'ils n'achèteraient pas de véhicules électriques actuellement, et seulement 8,6 % envisageraient d'en acheter un. 28,5 % se disent hésitants et répondent qu'ils pourraient en acheter un dans le futur.
« Les prix élevés des véhicules électriques, le manque d'infrastructures de recharge et divers mythes autour de l'électrique figurent parmi les raisons pour lesquelles les gens ne sont pas enthousiastes. Il devient de plus en plus évident qu'il sera difficile d'abandonner les moteurs thermiques. Les mesures prises par les gouvernements ne suffisent pas à convaincre — les gens ne sont pas encore prêts à s'engager dans la transition vers l'électrique », explique Matas Buzelis, expert
automobile chez carVertical.
L'Union Européenne a légiféré pour interdire la vente de voitures essence et diesel neuves à partir de 2035, exigeant que tous les nouveaux véhicules vendus soient à zéro émission afin d'atteindre la neutralité climatique d»ici 2050. Cependant, certains États membres, dont l'Italie, demandent plus de flexibilité, craignant un impact économique sur l'ensemble de l'industrie automobile.
Des frais d'entretien moins élevés et des taxes réduites comptent parmi les motivations pour passer à l'électriqueLes automobilistes qui se disent favorables aux véhicules électriques et prêts à en acheter un, avancent plusieurs raisons. La majorité des répondants (46,5 %) estiment qu'un véhicule électrique coûte moins cher à utiliser et à entretenir. Comme les véhicules électriques ont moins de pièces mécaniques, les frais de maintenance sont généralement plus faibles que pour les véhicules essence ou diesel. La hausse des prix du carburant incite également les
conducteurs à envisager l'électricité comme alternative plus économique. 14 % des conducteurs interrogés choisiraient un véhicule électrique pour des raisons fiscales. Dans l'Union Européenne, de nombreux pays réduisent ou suppriment certaines taxes liées à la détention d'un véhicule pour encourager l»adoption des véhicules électriques. L'Allemagne et la France offrent des exonérations ou des réductions importantes de la taxe annuelle de circulation, tandis que les Pays-Bas exemptent totalement les véhicules électriques de la taxe d»immatriculation et de circulation.
13,3 % des répondants citent les subventions publiques comme motivation. En France, l'
achat d'un véhicule électrique neuf peut être subventionné jusqu'à 7 000 euros, selon le revenu du ménage.
18,4 % des utilisateurs de carVertical déclarent qu'ils choisiraient un véhicule électrique pour des raisons écologiques. Toutefois, avec l'extension des zones à faibles émissions dans des villes comme Paris, posséder un véhicule électrique devient moins un choix de style de vie qu'une nécessité pour les conducteurs urbains cherchant à éviter amendes ou restrictions (7,8 %).
La réduction des aides ralentit l'adoption des véhicules électriquesEn 2025, la France réduit ses subventions pour l'
achat de véhicules électriques d'environ un tiers, faisant passer le budget du
bonus écologique de 1,5 milliard d»euros en 2024 à 1 milliard. Les montants d'aide baissent en conséquence, variant désormais entre 2 000 et 4 000 euros selon les revenus du ménage, contre jusqu'à 7 000 euros auparavant pour les foyers modestes.
Plusieurs pays de l'Union Européenne ont aussi réduit ou supprimé leurs aides. La Suède a mis fin à ses subventions d'
achat en 2022, l'Allemagne fin 2023, entraînant une chute significative des ventes de véhicules électriques.
Aux États-Unis, sous l'administration Trump, plusieurs politiques favorables aux véhicules électriques ont été annulées : suppression des obligations de vente, réduction ou suppression des crédits d'impôt fédéraux, gel des financements pour les infrastructures de recharge. Ces mesures ont freiné l'adoption des véhicules électriques et créé de l'incertitude pour les constructeurs.
« Les incitations publiques sont un moyen coûteux de stimuler les ventes, mais le vrai enjeu, c'est la durabilité », souligne Matas Buzelis.
« Dès que ces aides sont réduites, l'accessibilité est fortement affectée. La demande réelle ne décollera que lorsque les gens choisiront spontanément l'électrique — non pas parce qu'il est subventionné, mais parce qu'il leur permettra de réaliser de réelles économies d»usage, ce dont ils ne semblent pas encore conscients. »Face à la crise, les constructeurs automobiles taillent dans leurs effectifsLorsqu'on leur demande pourquoi ils n'achèteraient pas de véhicules électriques, 38,6 % des répondants jugent les
voitures électriques trop chères, 33,7 % s'inquiètent de l'autonomie limitée, 9,4 % pointent du doigt le manque d'infrastructures, et 12,8 % mentionnent la faible valeur de revente (autres raisons : 5,5 %).
Comme l'explique Matas Buzelis,
« Les véhicules électriques ont actuellement une valeur de revente relativement faible — mais cela peut en réalité jouer en faveur des acheteurs. Ceux qui cherchent un véhicule électrique d'occasion peuvent trouver de très bonnes affaires, impossibles avec une voiture essence ou diesel. »En fin de compte, la première vague d'adoption est déjà derrière nous :
« Ceux qui voulaient ou ont été incités à acheter un véhicule électrique l'ont déjà fait. Par ailleurs, comme deuxième voiture, un véhicule électrique s'intègre très bien et de plus en plus d'acheteurs y songent comme complément à leur véhicule thermique », note Matas Buzelis
En 2025, plusieurs grands constructeurs ont annoncé d'importantes suppressions d»emplois en raison des droits de douane, des réorganisations de production et de mesures d'économies. Stellantis a temporairement mis au chômage 900 employés sur cinq sites aux États-Unis et suspendu la production dans des usines au Mexique et au Canada.
General Motors a annoncé plusieurs vagues de licenciements totalisant plus de 3 000 employés, tandis que
Nissan prévoirait de supprimer 10 000 emplois dans le monde et de fermer sept usines.
D'autres grands constructeurs, dont
Porsche,
Volvo et
Volkswagen, ont également annoncé des réductions d'effectifs, reflétant une restructuration sectorielle face aux pressions du marché.
La concurrence croissante des fabricants chinois façonne aussi le marché. Byd a rapidement étendu sa présence en Europe, dépassant Tesla pour la première fois en avril 2025 sur le segment des véhicules électriques à batterie (BEV), avec une hausse des ventes de 359 % sur un an malgré l'augmentation des droits de douane européens sur les véhicules électriques chinois. Il est encore trop tôt pour savoir si les constructeurs chinois sauront convaincre les Européens de passer à l'électrique, mais leur croissance rapide a déjà des conséquences économiques en Europe.
Source : Etude carVertical
MéthodologieLes résultats sont basés sur une enquête menée sur l»écran de chargement des rapports carVertical, entre le 15 et le 22 avril 2025, auprès d'environ 16 000 répondants dans 35 pays. Comme l'enquête ciblait uniquement les utilisateurs de carVertical, l'échantillon représente des personnes s'intéressant activement aux voitures d'occasion, avec les taux de réponse les plus élevés en Pologne, en France et en Roumanie.