Depuis plusieurs années, les constructeurs
automobiles européens ont une obsession : la
norme CAFE.
C'est la réglementation européenne qui rend incontournable un mix de ventes d'environ 50% de
véhicules électriques d'ici 2030. Tout retard par rapport à ce seuil aboutit à de très lourdes amendes atteignant 95 euros par gramme de
CO2 excédentaire et par
voiture vendue.
LA REGLEMENTATION CAFE C'EST QUOI ?La réglementation
CAFE (Corporate Average Fuel Economy) est effective depuis 2020 pour les
voitures.
Cette norme vise à imposer la
voiture électrique en imposant un seuil d'émission de CO2 à chaque constructeur
automobile.
Le seuil moyen était de 95 grammes de CO2 par kilomètre en 2021, avec des objectifs qui varient entre les différents constructeurs selon le type de véhicules vendus.
En 2025, le seuil moyen va être ramené à 81 grammes de CO2 par kilomètre.
En 2030, le seuil moyen va baisser drastiquement pour atteindre
59 grammes de CO2 par kilomètre.
Pour atteindre ce seuil particulièrement bas, un constructeur automobile n'a pas d'autres alternatives que de réaliser près de la moitié des volumes de ventes sur le marché européen avec des véhicules électriques, véhicules dont les émissions locales sont de zéro.
A défaut, les
amendes érigées par les autorités européennes peuvent atteindre des
montants records de nature à fragiliser financièrement un constructeur automobile européen.
L'IMPACT DE LA REGLEMENTATION CAFE SUR LE MARCHE AUTOMOBILE EUROPEENEn 2021, les technologies
hybride léger et hybride
auto-rechargeable permettaient de commercialiser des véhicules sous le seuil européen de 95 grammes de CO2 par kilomètre.
L'atteinte du seuil de
59 grammes en 2030 impose
un mix de ventes de véhicules électriques de près de 50 %.
LES STRATEGIES DES CONSTRUCTEURS AUTOMOBILES EUROPEENSPour atteindre ces seuils d'émission, les constructeurs automobiles n'ont pas d'autres choix que de
développer des modèles électriques et hybrides rechargeables et de les
vendre, quitte à stopper la commercialisation de véhicules à moteurs thermiques à succès en cours de vie.
C'est ce qu'ont fait
Citroën,
Peugeot et
Opel en arrêtant brutalement la vente des
Citroën Berlingo,
Peugeot Rifter et
Opel Combo Life à motorisations thermiques début 2022. Résultat, les trois modèles commercialisés uniquement avec un moteur électrique ont apporté une contribution majeure aux
émissions de CO2 de Stellantis en 2022 et en 2023. Dans le même temps,
Toyota poursuit la commercialisation du Toyota Proace City
Verso à moteur thermique conçu avec Stellantis et fabriqué par Stellantis en France.
Les constructeurs automobiles peuvent aussi
augmenter le prix des véhicules thermiques pour les rendre moins compétitifs vis-à-vis des véhicules électriques et hybrides rechargeables.
Les constructeurs automobiles peuvent également
baisser le prix des véhicules électriques et hybrides rechargeables pour les rendre plus compétitifs vis-à-vis des véhicules thermiques.
De plus, des
remises peuvent être accordées spécifiquement sur les véhicules électriques et hybrides rechargeables pour en augmenter la diffusion sur le marché européen.
L'
augmentation artificielle des valeurs résiduelles des véhicules électriques dans les locations avec option d'achat et dans les locations longue durée permet également de rendre plus compétitif les véhicules électriques et hybrides rechargeables par rapport aux voitures thermiques.
LE MONTANT DES AMENDES PREVUES PAR LA REGLEMENTATION CAFELes amendes annuelles se chiffrent potentiellement en
centaines de millions d'euros.
Les amendes annuelles sont calculées sur le nombre de véhicules vendus sur l'année en Europe et sur les émissions moyennes de CO2 des véhicules vendus au-delà du seuil fixé.
Le montant forfaitaire par voiture est de 95 euros par gramme de CO2 excédentaire au-delà du seuil fixé.
Un constructeur qui dépasserait de 10 grammes le seuil de CO2 fixé et vendrait
500 000 voitures dans l'année en Europe devrait s'acquitter d'une amende forfaitaire de 95 euros pour chaque gramme de CO2 excédentaire et pour chaque voiture, soit 95 euros x 10 grammes x 500 000 voitures : 475 millions d'euros (soit 950 euros pour chaque voiture vendue en Europe).
La
règlementation CAFE n'a pas d'autres objectifs que de
sanctionner financièrement lourdement les constructeurs automobiles qui n'iraient pas à la vitesse requise par le régulateur européen vers la voiture électrique.
Parallèlement, les
ZFE vont
interdire la circulation des véhicules thermiques dans les grandes agglomérations à partir de 2030 (l'interdiction de circulation des véhicules thermiques a été votée par la Métropole du Grand Paris à partir du 1er janvier 2030).
Avec cet
arsenal règlementaire à 360°, on se demande comment les automobilistes pourraient ne pas aimer la voiture électrique d'ici 2030.
On comprend également mieux pourquoi les constructeurs automobiles européens stoppent progressivement tous les investissements sur les véhicules à moteurs thermiques sur le marché européen avant l'interdiction de vente en Europe des véhicules à moteurs thermiques programmée en 2035.