Le
véhicule autonome est l'objet de nombreux fantasmes depuis des années. Il est présenté comme le futur de la mobilité individuelle motorisée.
Le véhicule autonome est porteur de toutes les promesses et notamment celle d'être sûr.
Certains l'imaginent également
moins polluant dans le cadre d'une hypothétique mobilité partagée, hypothèse ne reposant sur aucune base solide liée à une réelle volonté de changement de l'usage de l'
automobile comme objet de liberté individuelle.
Certains le rêvent comme
pouvant être un véhicule individuel ou partagé (
voiture en autopartage, robot-taxi, navette autonome). Ce type de mélange entre les fonctionnalités technologiques et la notion de propriété du véhicule autonome est à l'origine de nombreux fantasmes.
Pensé dès sa genèse comme un
véhicule électrique en raison de la convergence des temporalités liées à ces deux innovations, le véhicule autonome
n'est pas en lui-même porteur de la motorisation électrique.
Un véhicule autonome individuel sur route n'est pas en lui-même porteur de la motorisation thermique ou électrique, ni du recours à certains types d'énergies en particulier (gaz naturel, hydrogène, etc.). De nombreuses incertitudes persistent encore sur les types de motorisations et d'énergies auxquelles il pourra avoir recours.
Le
véhicule autonome ne désigne pas un objet technique stable, mais une
continuité d'améliorations incrémentales de la voiture traditionnelle.
L'autonomie est segmentée en cinq niveaux.
Les deux premiers sont des assistances à la conduite déjà largement diffusées dans le parc automobile.
Ce n'est qu'à partir du
troisième niveau que l'on peut parler de
conduite autonome, mais celle-ci est limitée à certaines conditions (par exemple sur une voie séparée, sans circulation de vélo ou de piéton) et le conducteur doit être en permanence en mesure de reprendre le contrôle.
Le niveau 4 désigne l'autonomie complète sous certaines conditions météorologiques et dans certaines zones géographiques.
Le niveau 5,
encore très largement hors de portée, désigne l'autonomie complète en toute condition.
Le véhicule autonome se caractérise par les technologies sur lesquelles il repose pour
pouvoir circuler sans intervention humaine. De nombreux capteurs embarqués permettent d'analyser l'
environnement et de générer des quantités gigantesques de données qui sont ensuite traitées par l'intelligence artificielle en charge de la conduite autonome. Ces capteurs doivent être complémentaires pour pouvoir enregistrer chaque événement quelles que soient les conditions météorologiques ou de circulation. Les technologies utilisées sont donc variées : caméras 3D, radars, lidars (détection et estimation de la distance par la lumière) et des cartographies haute définition, continuellement mises à jour, qui permettent de compléter les informations enregistrées par les capteurs. Les données générées sont traitées par un logiciel de conduite autonome qui les transforme en consignes de trajectoire ou de vitesse. Ces données sont communiquées à d'autres
véhicules autonomes et à l'infrastructure
routière pour augmenter la quantité et la fiabilité de l'information. Cette redondance de l'information est la condition nécessaire à l'automatisation de la conduite. Elle requiert un haut niveau de connectivité qui nécessite le déploiement de la 5G.
Face à de telles exigences technologiques, des
investissements colossaux sont nécessaires.
Ces dernières années, les constructeurs
automobiles ont multiplié les investissements technologiques dans en vue de la conduite autonome.
Les acteurs traditionnels de l'industrie automobile, les constructeurs automobiles et les équipementiers y voient l'
occasion de renouveler le système de la voiture en vendant des véhicules équipés de plus de fonctionnalités. Les grandes entreprises du numérique (Google, Uber, etc.) visent l'autonomie totale qui leur permettrait d'assurer leur contrôle sur la valeur ajoutée liée à la production et à la circulation des données. Le véhicule autonome, en libérant le temps de la conduite, serait pour ces acteurs de proposer des services numériques payants à bord.
À l'échelle internationale, une étude du cabinet The Brookings Institution estime à
80 milliards de dollars les investissements en faveur du véhicule autonome entre 2015 et 2017, essentiellement en Recherche et Développement. Alors qu'une grande partie de ces investissements est portée par les acteurs privés, le
coût de déploiement des infrastructures nécessaires à la circulation des véhicules autonomes (marquage au sol, panneaux de signalisation, équipement numérique, aménagement de voies séparées, etc.) constituera une dépense d'infrastructure qui devrait incomber aux États et aux collectivités.
Le Forum Vies Mobiles et la Fabrique Écologique qui ont réalisé une étude sur le véhicule autonome estiment que
les « discours prometteurs » des constructeurs cachent « des conséquences écologiques potentiellement catastrophiques ».
Plusieurs scénarios de déploiement pour le développement du véhicule autonome existent.
Le scénario le plus probable avec une
mobilité individuelle avec des voitures à usage privé implique des conséquences écologiques jugées potentiellement catastrophiques par les associations Forum Vies Mobiles et Fabrique Écologique avec
une augmentation des distances parcourues et de la consommation d'énergie.
Le scénario de mobilité individuelle pourrait entraîner des changements importants dans les modes de vie. Libérés de la conduite, les automobilistes pourraient
développer d'autres activités à bord des véhicules, ce qui aurait pour conséquence de nouvelles organisations du quotidien, déployées sur des espaces plus grands, avec des déplacements plus nombreux et plus lointains puisque moins contraignants. Il en résulterait
un nombre croissant de véhicules sur les routes, et donc
un besoin supplémentaire de production de véhicules et d'énergie pour les alimenter.
Les conséquences écologiques du déploiement des véhicules autonomes pourraient être à l'origine d'une évolution de la consommation d'énergie du parc automobile qui pourrait au pire tripler, au mieux diminuer de moitié, sans compter l'impact énergétique lié aux quantités de données qui seront échangées entre les véhicules , nécessitant le déploiement de la 5G, ou encore les
émissions de CO2 liées à la production, l'installation, la maintenance, le renouvellement et la gestion des déchets d'un ensemble d'objets embarqués et d'infrastructures
routières.
Elon Musk, PDG de Tesla, a promis un véhicule autonome capable de circuler en toute circonstance, pluie, neige, brouillard, nuit, sur tous les territoires et en présence de piétons et de cyclistes pour fin 2021.
Un scénario plus écologique, mettant le véhicule autonome au service d'une mobilité davantage partagée (robots-taxis et navettes autonomes), resterait possible selon les associations Forum Vies Mobiles et Fabrique Écologique. Mais il serait techniquement impossible à mettre en œuvre avant 2050. Il sous-entend une adhésion de la clientèle à ce jour non avérée.
Source: Forum Vies Mobiles et Fabrique Écologique