L’autosolisme : une pratique très ancrée pour les trajets domicile-travail
En France, neuf déplacements sur dix se font par la route et 95 % des émissions des gaz à effet de serre des transports terrestres proviennent de la mobilité
routière.
La lutte contre l'
autosolisme et le développement des mobilités partagées sur la route sont donc des éléments importants pour la fluidification du trafic routier et la décarbonation de la société.
Les pratiques des Français en matière de déplacements restent cependant mal connues et peu quantifiées.
Ceci rend d'autant plus complexe le déploiement par les pouvoirs publics de solutions et de services pertinents pour résoudre les problèmes de congestion et de pollution rencontrés au quotidien dans les grandes agglomérations françaises, notamment en début de journée.
Afin de mieux évaluer la réalité de l'autosolisme en France, et permettre ainsi de trouver les moyens pertinents et efficaces pour stimuler le développement des mobilités partagées telles que le covoiturage, Vinci Autoroutes a réalisé à l'automne 2021, en collaboration avec Cyclope.ai, une étude reposant sur plus de 1,5 million de véhicules circulant entre 8h00 et 10h00 à proximité de onze agglomérations françaises. La Région Île-de-France, le syndicat Nouvelle-Aquitaine Mobilités, Tours Métropole Val-de-Loire, la communauté d'agglomération du Pays Basque et Montpellier Méditerranée Métropole, ainsi que les plateformes de covoiturage Blablacar, Klaxit et Ecov, se sont associés à cette étude.
Des caméras ont été installées sur des portiques afin de capturer, du lundi au vendredi, entre 8h00 et 10h00, des images du trafic circulant sur des sections majeures du réseau Vinci Autoroutes, dans le respect de l'anonymat des conducteurs et de leurs passagers. Celles-ci sont ensuite analysées par un logiciel d'intelligence artificielle développé par Cyclope.ai.
L'observation, réalisée en temps réel sur 13 axes autoroutiers durant 4 à 6 semaines, révèle qu'en moyenne
plus de huit conducteurs sur dix sont seuls au volant (seuls 17,4% des véhicules analysés sur l'ensemble des secteurs transportaient au moins deux personnes), avec un pic moyen d'autosolisme de 89% à 8h.
Les observations montrent, en outre, que le nombre de
voitures transportant plus de 2 personnes augmente au fil de la matinée alors que le trafic total baisse.
Dit autrement, c'est au moment où il est le plus pénalisant, à savoir aux heures de pointe, que l'autosolisme est aussi le plus pratiqué.
Les résultats du baromètre permettent d'avoir une idée précise du nombre de véhicules ne transportant qu'une seule personne au cours de la période et des plages horaires observées, et ce au quart d'heure près. Sur les 1,5 million de véhicules analysés :
- 82,6 % en moyenne ne transportaient qu'une seule personne à l'avant ;
- le nombre de véhicules ayant deux personnes à l'avant progresse continuellement entre 8h et 10h, les taux les plus élevés étant atteints en dehors des heures de pointe ;
- l'autosolisme tend à diminuer le vendredi par rapport aux autres jours ouvrés :
o il perd 2 % en moyenne au niveau national le vendredi ;
o sur certaines sections, comme l'A8 à Aix-en-Provence ou l'A83 à Nantes, le taux diminue même jusqu'à 72% ce jour-là.
Le baromètre met en lumière des variations importantes selon les territoires observés.
Les taux moyens les plus élevés d'autosolistes sont constatés sur l'A11 au nord de Nantes (93,1%), l'A10 à Tours (87,1%) et l'A64 à Toulouse (86,5%).
A l'inverse, c'est sur l'A83, au sud de Nantes, et sur l'A8, au niveau des agglomérations de Nice et d'Aix-en Provence, que l'on observe les taux de mobilité partagée les plus importants : jusqu'à 1 trajet sur 4 en moyenne.
« Même si l'autosolisme est très majoritaire, le dispositif inédit que nous avons déployé montre que la pratique de la mobilité partagée et son potentiel de développement restent sous-évalués, y compris dans le cadre des trajets du quotidien. Compte tenu du défi immense de réduction des émissions de CO² liées aux transports que nous devons collectivement relever, il est essentiel de pouvoir mesurer précisément et de suivre dans la durée l'évolution de la réalité de l'autosolisme en France », souligne Pierre Coppey, Président de Vinci Autoroutes.
« Cela permettra d'adapter continûment et de façon fine les solutions de mobilités partagées, telles que les parkings de covoiturage, les plateformes d'échange multimodales, les voies réservées…, aux besoins réels des territoires et des usagers. »« Ces premières observations attestent que les trajets entre le domicile et le travail, qui correspondent majoritairement au début de la matinée, sont ceux qui semblent générer les taux d'autosolisme les plus importants, et ce quelle que soit la région concernée. Puis le phénomène tend à diminuer au fur et à mesure que la matinée avance, probablement en lien avec l'évolution de la nature des déplacements. On pense alors aux loisirs, aux courses, aux rendez-vous médicaux… », souligne Amelia Rung, directrice du développement de Vinci Autoroutes.
« Le second enseignement, illustré notamment par les différences constatées sur les deux axes de la métropole nantaise, concerne l'impact des distances parcourues sur la pratique de l'autosolisme. Il semble en effet que plus la distance à parcourir est longue, et plus le covoiturage est important. »Source: Vinci Autoroutes 1er baromètre de l'autosolisme
Image par mohamed Hassan de Pixabay