Alors que les
« nouvelles mobilités »,
partagées, électriques, douces, sont au cœur des attentions médiatiques, politiques et industrielles, Ipsos présente les résultats de l'étude Mobility Monitor Navigator.
Menée en France auprès de plus de 2 000 répondants, cette étude est une enquête internationale conduite dans 6 pays (États-Unis, Chine, Japon, Allemagne, France et Brésil).
À quoi ressemblent les déplacements des Français au quotidien, quelle est la place pour la
voiture et pour les mobilités alternatives ? Comment segmenter la population ? Les équipes d'Ipsos en France ont cherché à définir les profils des Français mobiles, qu'ils soient citadins, ruraux, Senior (59 ans et plus) ou jeunes de la génération Z (nés après 2000).
Les habitudes quotidiennes de mobilité des Français s'avèrent être très diverses.
75% des Seniors (plus de 59 ans) utilisent leur voiture tous les jours.
Les Seniors disent parcourir
46 kilomètres par jour, contre 25 chez les plus jeunes, et ce, pas de la même manière selon leur type d'habitat.
Les habitants de zones rurales se déplacent deux fois moins souvent que les citadins.
Ipsos a cherché à connaître les principales raisons qui justifient les déplacements des Français au quotidien.
Ils positionnent tous, quel que soit leur lieu d'habitat, dans l'ordre : aller au travail, faire ses courses, et voir ses amis.
La distance moyenne que les Français déclarent pour leurs déplacements quotidiens en semaine se situe autour de 30 kilomètres, dans des proportions proches, qu'ils soient habitants des grandes villes (27 kms), banlieues (33 kms), moyennes et petites villes (28 kms), ou zone rurale (30 kms).
En zone rurale, les Français effectuent beaucoup moins de déplacements mais beaucoup plus longs en termes de distances, alors que les habitants de grandes villes se déplacent plus régulièrement, mais sur des distances plus courtes.
Les habitants de grandes villes réalisent 5 à 6 déplacements quotidiens, alors que les autres populations en réalisent moins de 4 ailleurs, descendant jusqu'à 3,2 en zone rurale.
Le trajet principal du quotidien, pour se rendre au travail, représente en moyenne 18 kms dans les grandes villes, contre 29 kms en zone rurale.
« Cette différence de distance, 65%, est énorme : l'inégalité la plus flagrante entre ville et campagne est l'éloignement de l'emploi. Dans les zones rurales, une partie infime de ces déplacements est réalisée par des Français qui utilisent un autre moyen de transport que la voiture individuelle, dans des espaces où les habitats sont dispersés, tout simplement parce qu'il n'y a aucun autre choix » remarque Thierry Lalande, Directeur France Automotive & Mobility Development.
Cette différence s'observe également pour les déplacements dans le but de faire des courses, qui représentent 7 kms en moyenne en grandes villes contre 10 kms en zone rurale, soit une différence de 45%. Enfin, la distance pour voir ses amis est, là encore, plus grande dans les zones rurales (12 kms) que dans les grandes villes (10 kms), soit une différence de 20%).
Si l'impact de la zone d'habitation des citoyens sur la mobilité est indéniable, quel est celui de leur âge ?
La génération Z (personnes nées après l'an 2000) effectue en moyenne 25 kms quotidiens et 5,7 déplacements, ce qui représente environ 4 kms par trajet.
La génération X (personnes nées entre 1965 et 1980) se déplace moins fréquemment, mais plus, elle fait ainsi en moyenne 30 kms jour et 3,6 déplacements.
Les Seniors (personnes âgées de plus de 59 ans) sont ceux qui se déplacent le plus, ils effectuent 46 kms par jour, au moyen de 3 déplacements en moyenne.
« La génération Z adopte un comportement très compatible avec beaucoup de mobilités alternatives à la voiture, qui décroit avec l'âge (4 kms par jour en moyenne, qui tombe à 8 pour la génération X). Avec 15 kms en moyenne par trajet, c'est impossible pour les Seniors, excepté peut-être pour les Franciliens » note Thierry Lalande.
Avec les habitants des grandes villes, ce sont les plus jeunes qui se déplacent le plus souvent. « Si l'on croise génération et type d'habitat, les différences sont encore plus marquées mais voici ce que l'on peut en retenir : ces déplacements moins fréquents mais longs disqualifient souvent les modes de mobilités alternatifs à la voiture car trop chers, peu pratiques » complète Thierry Lalande.
Pour les plus jeunes comme les ainés et les ruraux et citadins, les résultats de l'étude montrent que les Français ont quasiment tous une voiture dans leur foyer (91%), contre « seulement » 7 sur 10 à Paris et en petite couronne (73%).
Avec 40 millions de véhicules en circulation, selon le Ministère de la Transition écologique, la voiture est de loin le moyen de transport principal des Français au quotidien. Ils sont en effet 71% à l'utiliser plusieurs fois par semaine ou tous les jours (un petit peu moins chez les plus jeunes (57% de la génération Z, et plus encore chez les Seniors avec 75%).
En France, seuls les Parisiens et les habitant de la petite couronne sont en dessous avec 39% d'usagers au quotidien.
La majorité des trajets se font en véhicule thermique (sur 100 véhicules neufs au mois de janvier 2023, 56 sont thermiques, contre seulement 13 électriques, le reste étant des
véhicules hybrides, rechargeables ou non).
Si l'automobile reste le mode de transport majoritaire du quotidien, d'autres alternatives se distinguent et l'usage qui en est fait par les différentes populations, notamment lors d'une comparaison par générations se révèle parfois contraire à certaines idées reçues.
Le vélo, pratiqué au quotidien par 14% des Français, quel que soit leur type d'habitat, semble être le mode de transport qui rassemble le plus également les générations. Si la génération Z l'utilise davantage (23%), la génération X et les plus anciens en ont aussi une utilisation fréquente (11%).
Le métro est l'apanage de franciliens « actifs » avec 42% d'utilisation régulière, sinon, dans le reste de la France, la proportion d'usagers du quotidiens se situe en-dessous de 10%.
Le bus suit également cette tendance avec 26% d'usagers chez les Franciliens, contre moins de 10% dans le reste de la France.
Est-ce que le bus est un transport de Seniors ? Pas vraiment, puisqu'ils sont moins de 7% à le prendre contre 23% chez les populations de la génération Z.
La moto et le scooter sont à 10%, et 2 fois plus utilisés par la génération Z et par les Parisiens (18%).
Les mobilités alternatives (partagées, taxi, vélo libre-service, etc.) cumulées plafonnent à 10% (3% pour Uber, 3% pour le vélo libre-service, 4% pour le taxi) quel que soit le type d'habitat.
Si le résultat est plus élevé dans les grandes villes, la part des mobilités alternatives est marginale.
En revanche, la fracture générationnelle est réelle. Un quart des jeunes de la génération Z (25%) les utilisent régulièrement, contre 1% seulement des personnes de la génération X et plus.
La majorité des Français sont peu familiers avec le concept même de mobilités alternatives.
25% des Français seulement sont familiers avec le concept de VTC ou Taxis et Uber (50% à Paris).
Alors que les citadins, sans voiture pourraient constituer un cœur de cible pour la voiture partagée, seulement 28% des Parisiens sont familiers du concept (soit un peu plus que la population générale (17%).
Parmi les freins qui ressortent sur les mobilités alternatives précisément, pour la voiture partagée, 20% des Français qui habitent en région parisienne disent que le service n'est pas disponible là où ils habitent, et cela monte jusqu'à 27% dans le reste de la France. Le
coût de l'adhésion représente aussi un frein pour les jeunes notamment (28% pour la génération Y contre 2% chez les Seniors).
Le vélo libre-service est un service assez peu accessible (33% des habitants du Sud-Ouest) contre 18% des Franciliens.
Les jeunes sont prêts à marcher pour trouver des vélos à louer accessible (16% disent quand même que les vélos ne sont pas disponibles à proximité, contre 23% parmi les Seniors).
Côté taxis, VTC et Uber, le coût est le frein majeur : 28% des Français de toutes les régions le disent (légèrement plus en Région parisienne : 31%), et ce surtout chez les jeunes (33% chez les populations de la génération Z contre 23% chez les Seniors).
Le sentiment d'insécurité personnelle est également pointé du doigt, beaucoup plus élevé en Région parisienne (33% contre 23% dans les autres régions), et chez les femmes (29% contre 19% des hommes).
La disponibilité est également un frein, et surtout en Ile-de-France (28% sur la région, 34% à Paris) contre 23% dans les autres régions.
Source : Etude Ipsos Mobility Monitor Navigator
Méthodologie : 2 000 répondants par pays, personnes de 18 à 88 ans en France constituant un échantillon représentatif de la population française. Cette étude est une enquête internationale conduite dans 6 pays (Etats-Unis, Chine, Japon, Allemagne, France et Brésil).
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