Alors que la réglementation des Zones à Faibles Émissions mobilités (ZFE-m) s'accélère et que les premières sanctions sont susceptibles d'être appliquées (contravention de
classe 3 avec une amende de 68 euros si l'on circule dans le périmètre d'une ZFE-m avec un véhicule léger sans vignette ou avec la mauvaise vignette crit'Air ou avec un véhicule non autorisé) et que de nombreuses voix s'élèvent pour demander un moratoire sur la loi ou un recul de son exécution, Roole publie son Observatoire complet, consolidé par les réponses des acteurs publics locaux chargés d'implanter les ZFE-m, sondés à leur tour en fin d'année.
L'Observatoire sur la mobilitéÌ des Français à l'heure de la transition écologique révélait en novembre 2022 qu'encore 56% des automobilistes Français disaient ne pas savoir ce qu'est une ZFE-m et que seuls 36% étaient prêts à payer davantage pour
acheter une voiture propre.
Les taux de réponses et les retours des acteurs publics locaux chargés d'implanter les ZFE-m mettent en lumière, s'il en fallait une preuve complémentaire, les incertitudes et inquiétudes des décideurs terrain : coûts sociaux et économiques, inégalités d'adaptation à la transition écologique et énergétique, disparité des solutions alternatives à la
voiture individuelle, infrastructures inadaptées ou encore risques de marginalisation de certains résidents des zones peu denses.
Qu'en pensent les collectivités et les communes ?22,2 % des communes et collectivités ne sont pas exprimées sur l'impact des Zones à Faibles Émissions mobilités (ZFE-m) . 11,1% estiment que les ZFE-m ont un impact positif et 5,6% un impact négatif (ces dernières étant les communes directement visées par leur déploiement).
13,3% des communes et collectivités considèrent que le dispositif des ZFE-m est peu adapté aux zones rurales peu denses, 6,7% considèrent qu'il faut laisser du temps pour adapter les flottes et que le dispositif n'est pas adaptable à un territoire transfrontalier, impliquant alors de trouver des moyens alternatifs.
Parmi les principaux freins cités à l'installation de ZFE-m : le contexte transfrontalier, les coûts induits, la répartition des compétences entre les différents acteurs publics locaux.
Parmi les atouts : 6,7% des répondants considèrent que les ZFE-m incitent au report modal, au changement de source énergétique et au déploiement de mobilités douces alternatives à la voiture.
Sur le sujet des solutions alternatives aux véhicules thermiques, les acteurs locaux, petites communes comme métropoles, sont bien informés : 93,3% des répondants connaissent la motorisation électrique à batterie et l'hybride rechargeable, 80% savent ce que sont l'hybride non rechargeable, le GNV/BioGNV, le
GPL et Bio GPL, l'E85 et l'hydrogène.
Pourtant, la majoritéÌ des communes et des collectivités répondantes possèdent des parcs
automobiles roulant principalement au thermique (gazole et essence).
Sur 17 collectivités, 10 ont signalé des
véhicules électriques dans leur parc roulant, mais sans en pouvoir communiquer le pourcentage exact. Une seule collectivitéÌ possède quelques
véhicules hybrides rechargeables, et c'est à hauteur de 2,3%. Une autre a 40% de
véhicules au GNV et BioGNV.
La conception d'un schéma directeur à la mise en place d'infrastructures de recharge ne semble pas prioritaire : 33% des collectivités déclarent y réfléchir, 17% envisagent exclusivement des bornes pour véhicules électriques. Et pour la moitié des collectivités interrogées, aucun schéma directeur n'est prévu.
56% des communes et collectivités ayant répondu ont développéÌ des politiques d'encouragement au covoiturage et 53,3% disposent d'une offre d'autopartage.
80% des communes et collectivités ne souhaitent pas avoir recours à la
location longue durée pour décarboner leur flotte.
« Cette enquête a mis en lumière la méconnaissance encore prégnante du sujet de la mobilité durable. Les calendriers de mise en œuvre diffèrent d'une ZFE-m à l'autre, les dérogations se multiplient. Pour convaincre citoyens et acteurs publics locaux, une meilleure lisibilité des solutions est essentielle. En outre, c'est l'ensemble du territoire que les pouvoirs publics doivent équiper en infrastructures adaptées : bornes de recharge, transports en commun, maillage des zones peu denses avec des horaires alternés, transport à la demande, interconnexion intelligente des modes... La transition vers une mobilité écologique sera possible à deux conditions : un maillage réfléchi et adapté des territoires, en fonction de leurs spécificités et une bonne compréhension des besoins des administrés. » David Tuchbant Président de Roole.
Source : Observatoire Roole - Zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) : le retour des acteurs publics locaux chargés d'implanter les Zones à Faibles Émissions mobilités (ZFE-m)
Méthodologie : Un échantillon représentatif de 1.000 Français âgés de 18 à 75 ans a été sondé du 23 au 26 septembre 2022 par Ipsos. Ont également été interrogés les acteurs publics locaux chargés d'implanter les Zones à Faibles Émissions mobilités (ZFE-m) : communes, collectivités locales et communautés de communes de plus de 20.000 habitants. À ce panel s'ajoute 250 000 automobilistes, membres du club
automobile Roole.
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