Les ménages modestes réticents au passage à la voiture électrique
« Ce qui est très important pour nous, Français, c'est qu'on est attachés à la bagnole, on aime la bagnole ». Alors que résonnent ces mots du Président de la République, l'enquête réalisée par Aramisauto avec Opinionway "Les ménages modestes et la
voiture" montre que l
es ménages modestes sont dans l'impasse face à la transition vers la voiture électrique.
Le baromètre Aramisauto - Opinionway "Les ménages modestes et la voiture"
s'attache à prendre le pouls des ménages modestes tiraillés entre les enjeux de la transition automobile et leur pouvoir d'achat.
Comment vivent-ils la transition au tout électrique ? Quelles sont leurs pratiques et leurs intentions d'achat ? Quel est leur sentiment face aux politiques publiques et aux mesures gouvernementales ?
Dans un contexte de pression financière sur les ménages modestes, le passage à la voiture électrique (une des solutions permettant de circuler dans les Zones à Faibles Emissions (ZFE), la seule pour circuler dans la métropole du Grand Paris à partir de 2030) est encore loin d'être plébiscité :
seul 1 ménage sur 10 serait prêt à acheter une voiture électrique aujourd'hui.
Un tiers des Français exprime des doutes sur l'impact environnemental positif du véhicule électrique (33%).
Et ils sont
72% à affirmer que les freins financiers les empêchent de s'offrir une voiture électrique.
Le budget moyen mensuel que les ménages modestes sont prêts à concéder au poste automobile est de 262 euros en 2023 contre 273 euros en 2022.
Aujourd'hui,
moins d'un foyer modeste sur deux (46%) dispose d'un véhicule doté d'une vignette Crit'Air permettant de rouler dans toutes les Zones à Faibles Emissions (ZFE).
Ce chiffre s'explique par une méconnaissance du dispositif Crit'Air qui persiste, avec plus de 4 ménages modestes sur 10, avouant ne pas connaître le Crit'Air de leur voiture (42%).
Les Zones à Faibles Emissions (ZFE) représentent un défi majeur pour les ménages modestes, pour qui la voiture est un outil essentiel aux déplacements quotidiens (90%), notamment pour se rendre sur leur lieu de travail (75%).
Parmi les détenteurs de modèles Crit'Air 4 et Crit'Air 5 qui sont déjà interdits de circulation dans les Zones à Faibles Emissions (ZFE),
la première réaction est de continuer à utiliser son véhicule (36%).
Néanmoins, cette solution n'est pas viable sur le long terme et ils sont moins nombreux à l'envisager par rapport à l'année dernière (moins 6 points).
A défaut de pouvoir se déplacer autrement et pour éviter de payer une amende forfaitaire, ils sont de plus en plus nombreux (plus 7 points par rapport à 2022) à
renoncer à se déplacer (21%).
Parmi les raisons expliquant cette défiance, le sentiment de contrainte :
73% pensent qu'il s'agit davantage d'une contrainte pour les automobilistes que d'une mesure bénéfique pour l'environnement.
4 Français sur 10 (39%) expriment un réel doute quant à l'efficacité de la mesure concernant la diminution de la pollution en ville.
Score révélateur,
94% des Franciliens trouvent qu'il s'agit d'un renouvellement forcé du parc automobile.
Un rebond des moteurs thermiques est même observé : 65% des sondés se dirigeraient vers un véhicule thermique en cas d'achat d'une
nouvelle voiture, soit plus 6 points par rapport à 2022.
Cela se traduit par une
baisse des intentions d'achat de moteurs électriques ou hybrides (35%, soit moins 5 points par rapport à 2022).
Seul 1 possesseur sur 5 de modèles Crit'Air 4 et Crit'Air 5 choisirait d'acheter un véhicule électrique ou hybride (21%, même proportion qu'en 2022).
Alors que les
véhicules électriques bénéficient de nombreuses aides de l'Etat, les ménages modestes se sentent perdus dans le maquis des dispositifs (74%).
Leasing social,
bonus écologique, malus au poids, seuil des
émissions de CO2, prime à la conversion,
prime à la casse... Ces démarches sont jugées trop complexes pour 7 sondés sur 10 (70%) et ne leur permettent pas de se lancer dans l'achat d'un véhicule (électrique ou autre)qui permette de respecter les Zones à Faibles Emissions (ZFE).
Une majorité des sondés (54%) indique que même le dispositif de leasing social de véhicule électrique à 100 euros par mois ne suffirait pas à les convaincre à sauter le pas. Un sentiment d'illégitimité explique en partie cette défiance : 70% des sondés pensent qu'ils ne pourront tout simplement pas en bénéficier.
Les subventions de l'Etat en faveur de la voiture électrique sont contestées : presque 8 ménages modestes sur 10 considèrent qu'elles ne devraient pas concerner uniquement l'achat de
voitures électriques (79%). 60% estiment que ce n'est pas aux pouvoirs publics de subventionner l'acquisition de
SUV ou
berlines de luxe ou encore de véhicules électriques.
« Le déploiement des Zones à Faibles Émissions va impacter plusieurs millions de véhicules et représente un défi majeur pour les ménages modestes. Au vu des freins financiers, beaucoup de ces ménages se retrouvent dans l'impasse et ne parviennent pas à se projeter dans l'électrique », analyse Romain Boscher, Directeur Général Aramisauto.
Source : Baromètre annuel Aramisauto – Opinionway
Méthodologie : cette étude a été réalisée auprès d'un échantillon de 1000 automobilistes possédant au moins une voiture qu'ils conduisent au moins une fois par semaine, issu d'un échantillon représentatif de la population française des employés et ouvriers âgés de 18 ans et plus. Les revenus moyens mensuels du foyer dans l'échantillon s'établissent à 2 525 euros. Les interviews ont été réalisées par questionnaire autoadministré sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview) du 30 août au 5 septembre 2023.