A compter du 29 avril, 7h30, une voie réservée aux bus et aux taxis est mise en service sur l'autoroute
A1 dans le sens Roissy Paris.
Pour les élus de la ville de Paris, cela permettrait de
« fluidifier la circulation ».
Au vu des embouteillages quotidiens sur l'A1 entre Roissy et Paris, pour les automobilistes franciliens, qui empruntent quotidiennement cet axe routier pour aller travailler, cela risque fort de générer
des temps de parcours toujours plus longs aux heures de pointe.
Sur une
distance de 5 km, les automobilistes
ne pourront plus emprunter la voie de gauche de l'A1 par l'A86 au niveau du Stade de France (Seine-Saint-Denis),
durant les heures de pointe entre 6h30 et 10h le matin, hors week-ends, jours fériés et vacances scolaires.
Cette voie sera exclusivement
réservée aux bus et taxis. Dans les mois à venir, les véhicules de covoiturage pourraient également l'utiliser.
Les contrevenants encourent une
amende de 4ème classe (135 euros).
L'association « 40 millions d'automobilistes » annonce que cette mesure ne permettra en aucun cas de fluidifier le trafic aux heures de pointe.
A l'appui de ce pronostic,
plusieurs expérimentations de voies réservées aux bus et aux taxis pour un même échec.
Les politiques n'apprennent pas de leurs erreurs. Pourtant au printemps de l'année 1974, les dirigeants politiques de l'époque avaient déjà décidé de mettre en place, sur le même tronçon d'autoroute, une voie réservée aux taxis et aux bus. Quelques mois après sa mise en application, cette voie était réouverte à la circulation de tous les usagers de la route suite à l'échec de l'expérimentation.
En 2009, l'expérience fut renouvelée. L'aménagement de la voie avait permis aux taxis de gagner quelques minutes sur leur trajet. Cela s'était traduit par d'énormes embouteillages pour les automobilistes.
Pour Daniel Quéro, président de l'association « 40 millions d'automobilistes »
, « en 2015, les automobilistes vont encore subir une mesure qui ne fonctionne pas, car elle a déjà été testée dans les années antérieures.»Cette mesure est par ailleurs
coûteuse pour les finances de la ville de Paris, donc pour les contribuables.
Pour mettre en place cette mesure qui risque fort de densifier les bouchons donc les
émissions polluantes, l'Etat a investi
8 millions d'euros. L'investissement a servi à financer les panneaux de signalisation lumineux informant les usagers des autorisations d'accès aux voies de circulation et les portiques et systèmes de vidéosurveillance qui seront utilisés pour verbaliser les contrevenants.
« Quel est l'intérêt pour l'Etat de s'entêter dans une mesure qui n'a jamais fonctionné depuis 40 ans, si ce n'est de jeter par les fenêtres l'argent des contribuables ? » s'interroge Pierre Chasseray, délégué général de l'association.
1974 : Au milieu des années 1970, avec l'augmentation du trafic
automobile et le développement du réseau autoroutier, l'A1, qui mène les automobilistes de Paris aux grands aéroports de la région, est saturée. Le gouvernement français cherche à favoriser la circulation des autobus et des transports privés sur l'axe Roissy Paris. Dans le souci de faciliter la desserte des aéroports, le gouvernement décrète que la voie de droite de l'autoroute A1 sera désormais réservée aux seuls bus et taxis, et interdite à la circulation des automobilistes.
Les premières conséquences sur le trafic routier apparaissent sans tarder. Les véhicules se rabattent sur les voies restantes et créent des embouteillages monstres, tandis que la voie de droite reste désespérément vide. L'opération menée à grands frais avec l'argent public prend fin à peine quelques mois après son lancement.
2009 : La région Ile-de-France valide une « nouvelle » expérimentation sur l'A1. Il s'agit de dédier la voie de droite de l'autoroute à la seule circulation des bus et taxis, de façon à permettre à ces modes de transport un gain de temps de
« dix minutes sur un trajet qui nécessite actuellement trente à quarante minutes aux heures de pointe ».
Contrairement à l'expérimentation menée en 1974, les mesures de restriction ne prendront effet qu'entre 7h et 10h du matin et sur un tronçon de 5 km. Malgré ces aménagement et en raison notamment d'un trafic routier qui a nettement augmenté depuis les années 1970, la voie réservée ne permet aux usagers autorisés à y circuler d'économiser que de rares minutes, et pénalise en revanche les automobilistes qui voient leur temps de trajet rallongé d'un quart d'heure à plus d'une demi-heure. L'expérimentation, débutée le mercredi 22 avril 2009, prend fin en janvier 2010.
2015 :
« Demain, mercredi 29 avril 2015, et pour la troisième fois, le gouvernement va tenter de nous faire croire que l'on peut faire s'écouler aussi vite un flux de véhicules avec moins de voies de circulation » ironise Pierre Chasseray, délégué général de l'association « 40 millions d'automobilistes ».
« Mais on a beau chercher à flouer les automobilistes en faisant débuter l'expérimentation un mercredi en pleine période de vacances (alors qu'il était annoncé que l'expérimentation devait se dérouler hors vacances scolaires), ceux-ci ne sont pas dupes : les chances pour que les conditions de circulation en période normale et aux heures de pointe s'améliorent sont égales à zéro ! » ajoute-t-il.
« En plus des difficultés supplémentaires pour les automobilistes, les autorités sont maintenant conscientes du peu d'intérêt de cette voie réservée pour les bus et taxis : en 2009, les études préliminaires évaluaient à 10 minutes le temps gagné sur l'A1 pour les transports en commun. Dans les faits, on avait raccourci le temps de trajet de seulement 2 minutes en moyenne » rappelle
Daniel Quero, président de l'association « 40 millions d'automobilistes ».
« Là où il n'aura fallu qu'un essai pour que les automobilistes comprennent l'absurdité de la mesure, le gouvernement en est déjà à sa troisième tentative ! Qui peut comprendre un tel acharnement ? » conclut-il.
Le ministère des Transports envisage d'ores et déjà de
généraliser la mesure à bon nombre d'autoroutes françaises.
12 axes seraient concernés et verraient ainsi leur nombre de voies de circulation restreint aux heures de pointe dans les cinq années à venir.
Source: association « 40 millions d'automobilistes »
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| Article du magazine Auto Journal du 1er août 1974
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