La logique des
ZFE (Zones à Faibles Emissions) repose sur celle des normes Euro : une amélioration progressive des
performances des véhicules équipés de moteurs thermiques.
Mises en place en 1992, les normes Euro fixent des niveaux maximums d'émission pour différents polluants.
Les niveaux maximums d'émission polluante seront progressivement abaissés au fur et à mesure que les performances des véhicules s'amélioreront.
Les normes Euro 1 de 1992 sont remplacées par les normes Euro 2 en 1996, les normes Euro 3 en 2000
et par les normes Euro 6d en janvier 2020.
Ces normes sont censées accompagner et encourager une évolution des constructeurs et des équipementiers
automobiles.
Les ZFE ont quant un
objectif complémentaire, à destination des automobilistes :
accélérer le renouvellement du parc automobile pour diminuer les émissions polluantes. C'est-à-dire
faire acheter plus de voitures aux consommateurs.
A l'époque, cette démarche pouvait sembler être une bonne idée.
En 1996, au moment des premières ZFE, la production de véhicules électrique en Europe était minuscule.
En 2010, il n'y avait que 180
voitures électriques particulières immatriculées en France.
Les normes Euro ne pouvaient connaître, à l'époque,
la rupture technologique profonde représentée par le développement des voitures électriques, rupture qui bouscule l'idée d'améliorations progressives.
L'offre de véhicule électriques de haut de gamme s'est diversifiée et les performances, notamment en termes d'autonomie, ont progressé tandis que les
prix ont diminué.
A titre d'exemple, la première Zoé de
Renault a été commercialisée en 2012. Elle avait une batterie de 22 kWh, soit environ 120 kilomètres d'autonomie.
A partir de 2017, la deuxième Zoé disposait de 40 kWh, soit plus de 250 km d'autonomie.
La troisième Zoe, à partir de 2018, dispose de 52 kWh, soit presque 400 km d'autonomie.
Néanmoins,
une Renault Zoe vaut presque, en 2021, deux fois le prix d'une Renault Clio essence d'entrée de gamme.
Les moteurs électriques n'émettent en fonctionnement aucune pollution locale. Il faut cependant produire et acheminer l'électricité qui les fait fonctionner.
Toute une partie des émissions, et probablement les plus toxiques, ont disparu.
Ainsi, la révolution électrique transforme radicalement la problématique des Nox en zone urbaine.
L'enjeu n'est pas de substituer une motorisation thermique par une autre motorisation thermique.
L'enjeu est de se
débarrasser des motorisations thermiques dans leur ensemble. Et donc de passer à l'électrique.
Alors que les véhicules thermiques seront progressivement interdits des centres-villes et qu'il faudra, à plus ou moins court terme, passer à l'électrique,
les ZFE encouragent l'achat de véhicules thermiques afin d'être « autorisé » à circuler dans les centres-villes.
Cette politique est complètement contreproductive. C'est enfermer les automobilistes dans une impasse, comme les mesures en faveur du diesel ont enfermé dans une impasse celles et ceux qui ont acheté des véhicules diesel, dont l'usage est progressivement interdit, et donc la valeur sur le marché de l'
occasion s'effondre.
Source: Institut Brunoy - Pour une écologie des solutions - Septembre 2021