Le nombre de décès prématurés dus à la pollution de l'air serait-il officiellement exagéré ?C'est ce qui ressort des travaux réalisés par Jean Orselli dans son étude
« Le mythe des morts prématurées dues à la pollution de l'air » (2022).
En juin 2016, l'agence
Santé Publique France chiffrait le nombre de décès dus à la pollution de l'air à 48 000 chaque année dans son rapport sur les
« Impacts de l'exposition chronique aux particules fines sur la mortalité ».
L'agence
Santé Publique France affirmait alors :
« Sous un scénario "sans pollution anthropique" où les niveaux de particules PM2,5 (d'un diamètre inférieur à 2,5 microns) seraient ceux observés dans les communes rurales les moins polluées, plus de 48 000 décès seraient évitables chaque année. ».
Ce chiffre de 48 000 morts prématurées par an dues à la pollution de l'air a conduit le gouvernement Français à prendre des mesures contraignantes visant à réduire significativement la circulation des véhicules à moteur thermique dans l'ensemble des grandes villes.
Les mesures structurantes allant jusqu'à l'interdiction de circulation des véhicules à moteur à combustion interne.
Les 48 000 décès prématurés par an dus à la pollution de l'air sont à l'origine de la création des Zones à Faibles Emissions (ZFE).
Dans son étude
« Le mythe des morts prématurées dues à la pollution de l'air », Jean Orselli, Polytechnicien, Ingénieur général honoraire des Ponts et chaussées, Docteur en histoire de Paris I Sorbonne arrive à la conclusion que les 48 000 morts prématurées dues à la pollution de l'air sont une exagération officielle.
Les 48 000 décès prématurés attribués officiellement à la pollution de l'air représentent 9,1% des 526 573 décès en moyenne sur la période 2007 et
2008 retenue par Santé Publique France dans ces travaux de 2016.
Ce pourcentage devrait varier fortement entre les zones géographiques selon leur degré de pollution de l'air.
Les « décès évitables » dans les zones géographiques les plus polluées pourraient peut-être atteindre 20% alors que la moyenne nationale est de 9,1%.
Le rapport de Santé Publique France de 2016 se plaçant au niveau des 36 219 communes regroupées par taille (et non par zone géographique) ne permettait pas d'interroger la structure des âges des décès spécifiques à chaque zone géographique.
Toutefois, la carte de la pollution de l'air en page 20 du rapport (figure 10) distingue les zones géographiques peu polluées et les zones géographiques très polluées (donc sans décès prématurés dus à la pollution de l'air).
La carte distingue deux régions très contrastées : la Région Ile de France très polluée et un « grand » Massif Central peu pollué.
L'agence Santé Publique considère que la Région Ile de France très polluée constitue une zone à très forte mortalité due aux particules fines, contrairement à un « grand » Massif Central peu pollué où la mortalité due aux particules fines est très basse.
Jean Orselli a confronté les estimations de l'agence Santé Publique France aux données statistiques annuelles de l'INSEE (Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques).
Il ressort de cette analyse robuste et structurée sur la base des statistiques de l'INSEE que la structure des décès selon les tranches d'âge est quasiment identique entre la Région Ile de France très polluée et un « grand » Massif Central peu pollué.
Le « grand » Massif Central pris en compte par Jean Orselli comprend les 11 départements du Massif Central « officiel » (Allier, Aveyron, Cantal, Corrèze, Creuse, Haute-Loire, Lot, Lozère, Puy de Dôme, Haute Vienne) auxquels ont été ajoutés l'Ardèche, le Tarn et la Dordogne.
La conclusion de cette analyse structurée est sans appel
: les niveaux de pollution très contrastés entre deux zones géographiques n'ont pas influence sur la structure des âges des décès telle qu'enregistrée par l'INSEE sur la période.Sur la base des statistiques de l'INSEE, Jean Orselli arrive à la conclusion que
« la pollution n'a aucune influence sur la mortalité au niveau national ».
Il ne s'agit pas d'une opinion, ni d'un jugement, mais d'une lecture neutre des statistiques officielles de l'INSEE sur la structure des âges des décès par département.
En général, les données statistiques de l'INSEE se trompent rarement.
Cette exagération officielle pose un problème de fond à la société civile: celle de l'acceptation par les citoyens des politiques contraignantes mises en place.
Source : « Le mythe des morts prématurées dues à la pollution de l'air » de Jean Orselli aux éditions l'Harmattan 2022.
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