Tribune libre rédigée par Sarah Mouton, Content Manager France de Virta
Des études récentes révèlent que les automobilistes craignent plus que tout de se retrouver "à sec" au milieu de nulle part ou de devoir s'arrêter (trop) souvent pour de longues sessions de recharge s'ils passaient à l'électrique. Un sondage Statista réalisé en 2022 montre que les français ont une appréhension sur le manque (supposé) d'autonomie de la
voiture électrique, dépassant toutes les autres craintes qu'ils peuvent avoir sur le passage à la mobilité zéro émissions.
La crainte du manque d'autonomie est-elle réellement justifiée en 2023 ? L'infrastructure de recharge insuffisante sur le territoire est-elle à blâmer face à ces réticences ?
Manque d'autonomie : info ou intox ?Les
voitures électriques dépassent déjà les besoins de la plupart des
conducteurs en matière d'autonomie car 8 électro-automobilistes sur 10 parcourent moins de 100 km par jour !
Une étude menée sur plus de 600 000 usagers montre même que 6 conducteurs sur 10 parcourent moins de 50 km chaque jour.
Etant donné que la plupart des
voitures électriques ont une autonomie leur permettant de parcourir en moyenne 300 km avec une seule charge, cette crainte est dans bien des cas infondés.
En pratique, pour les électro-automobilistes utilisant leur
voiture au quotidien, pouvoir recharger à la maison et/ou au travail suffit à éliminer tout risque de panne. Pour ceux qui n'ont pas accès à la recharge sur leur lieu de travail ou à leur domicile, il suffit simplement de changer leurs habitudes en anticipant légèrement leurs déplacements : les sorties - travail, shopping ou restaurant – sont autant d'occasion de recharger leur voiture. L'offre de recharge se diversifie et se généralise sur les lieux de commerce, ou dans l'hôtellerie par exemple et c'est une bonne nouvelle pour les usagers qui voient les opportunités de recharge se multiplier.
Lorsqu'il s'agit de longues distances, ils peuvent aujourd'hui compter sur la recharge rapide ou ultra-rapide qui se développent sur les grands axes routiers.
Manque d'infrastructures publiquesL'anxiété liée à l'autonomie repose en partie aussi sur le problème du manque - réel ou perçu - d'infrastructure de recharge. Le nombre de points de recharge sur le territoire est en train d'être comblé en France et ailleurs. Fin 2021 il y avait 330 000 bornes de recharge publiques dans les 27 pays de l'UE (rapport ChargeUp), et il y avait un peu plus de 70 000 de bornes ouvertes au public en France fin septembre 2022.
L'infrastructure publique actuelle ne peut certes pas à elle seule soutenir l'adoption rapide annoncée des
véhicules électriques, mais la recharge a lieu majoritairement (à 90 %) sur le lieu de travail et au domicile.
Peu importe, l'UE veut donner des gages aux automobilistes en validant une réglementation contraignante obligeant chaque pays à assurer la présence de bornes de recharge au moins tous les 60 km, sur les grands axes du continent.
Selon les calculs de la Commission européenne, nous aurons besoin de 3,4 millions de bornes de recharge accessibles au public d'ici 2030. C'est 15 fois plus que la configuration actuelle.
Le nombre de bornes de recharge publiques en Europe a été multiplié par 84 entre 2011 et 2020. Mais cette belle progression n'est pas l'indicateur le plus important à suivre. Il s'agit avant tout d'observer le nombre de bornes de recharge disponibles par habitant, ou par
véhicule électrique. Actuellement il y a en moyenne sur le continent européen 73 bornes pour 100 000 habitants. Pour maintenir une infrastructure saine et viable financièrement, il faut disposer d'un point de recharge pour 10 à 14 véhicules électriques.
Recharge lente ou rapide Les aménageurs s'équipent de plus en plus de bornes rapides et ultra-rapides pour que la recharge se fasse de façon aussi facile qu'un plein d'essence. Mais à l'échelle globale, les bornes dites lentes domineront encore pour longtemps le marché de la recharge publique. Elles représenteront à terme 69 % de toutes les installations la charge rapide étant plus chère (pour les aménageurs comme pour les clients), elle n'a pas vocation à être utilisée en dehors des longs trajets.
Les Français montrent une certaine appréhension à passer à l'électrique à cause, principalement, de l'autonomie et du manque d'infrastructures. Si c'est aux constructeurs de faire de la pédagogie sur l'autonomie, c'est aux investisseurs publics et privés de construire un vaste réseau d'infrastructures qui rassurerait les automobilistes encore hésitants. Tout est fait désormais pour que les automobilistes passent à la vitesse supérieure !
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Tribune libre rédigée par Sarah Mouton, Content Manager France de Virta, écrit le 02/01/2023