Alors que le développement commercial du
véhicule électrique en France est aujourd'hui lourdement pénalisé par
la quasi-inexistence d'une infrastructure de recharge de véhicules électriques sur la voie publique, la Caisse des Dépôts, ERDF, PSA
Peugeot Citroën et
Renault annoncent la signature d'un protocole en vue de la création d'une structure commune pour
développer les services d'itinérance de recharge des véhicules électriques et hybrides rechargeables.
Les
conducteurs de véhicules électriques devraient pouvoir
localiser et utiliser les bornes de recharge existantes.
Grâce à ces services, des applications informatiques sur GPS ou "smartphone" permettraient de localiser toutes les bornes disponibles et éventuellement les réserver.
Au lieu de
rouler dans un périmètre restreint et clairement délimité, les conducteurs de véhicules électriques pourraient recharger leur véhicule électrique dans le périmètre habituel et auprès de leur opérateur contractuel, mais également
lors des déplacements en dehors de ce périmètre et sur des bornes exploitées par d'autres opérateurs, en France et à l'étranger.
La première activité de cette structure sera de créer
un répertoire national des bornes de recharge comportant les données précises de chacune et de leur statut d'occupation. Actuellement, cette information de base est introuvable en France. Ce répertoire sera mis à disposition des opérateurs pour développer leurs services aux utilisateurs de véhicules électriques (services de cartographie, de recharge, de mobilité,
).
Le Grenelle de l'
Environnement annonçait il y a quatre ans l'installation d'une infrastructure de recharge de véhicules électriques composée de
75 000 bornes installées sur la voie publique sur le territoire français à court terme (pour 36 000 communes) et de
plus de 400 000 d'ici 2020 pour 2 millions de véhicules électriques et hybrides rechargeables en circulation prévus.
Il avait été évoqué dans le cadre du Grenelle de l'Environnement un besoin d'environ
2 points de charge par véhicule électrique pour pouvoir recharger dans des conditions convenables.
Quatre ans après, il y aurait
à peine 3 000 bornes de recharge sur la voie publique alors que les véhicules électriques de série arrivent sur le marché au
prix de gigantesques investissements de la part des constructeurs
automobiles. Quant aux
bornes de recharge rapide qui permettent de disposer en 30 minutes de 80% de l'autonomie de la
voiture électrique,
moins de 10 bornes seraient installées.
A elle seule, l'alliance Renault-Nissan annonce avoir consacré 4 milliards d'euros aux développement du véhicule électrique en plusieurs décennies de recherche et développement notamment chez
Nissan.
Les investissement dédiés à la
voiture électrique sont également lourds chez Daimler (
Smart Fortwo électrique,
Mercedes Classe B électrique),
Ford (
Ford Focus électrique),
Mitsubishi (Mitsubishi i-MiEV), Nissan (
Nissan Leaf),
Volkswagen (
Volkswagen up! électrique et
Volkswagen Golf électrique),
Toyota (
Toyota iQ EV électrique),....
A l'évidence, le réseau d'infrastructure de bornes de recharge sur la voie publique est
nettement sous-dimensionné en France et constitue aujourd'hui un frein au développement de la voiture électrique urbaine.
En zone urbaine, la plupart des particuliers vivent en appartement dans des immeubles d'habitation.
Ils n'ont donc pas accès à ce jour à une infrastructure de recharge privée à domicile.
Les salariés qui disposent d'une place de parking professionnelle réservée sur leurs lieux de travail sont rares. Ceux qui peuvent recharger sur leurs lieux de travail leurs véhicules électriques sont encore plus rares.
Hors les pouvoirs publics ont retenus comme hypothèse de base pour le déploiement d'une infrastructure nationale de recharge sur la voie publique un t
aux de recharge de seulement 10% sur la voie publique.
De toute évidence, cette hypothèse franco-française constitue une erreur manifeste, à minima une hypothèse particulièrement discutable et pourtant lourdement structurante pour l'avenir du véhicule électrique en France.
Cette hypothèse résulte en partie de tests effectués avec des
véhicules hybrides rechargeables qui n'ont pas les contraintes des véhicules électriques ou avec des véhicules électriques conduits par des conducteurs prêts à débourser des mensualités importantes pour faire partie des premiers à rouler en véhicules électriques pendants quelques mois et réunissant toutes les conditions pour recharger le véhicule électrique sur le lieu de travail et à domicile.
Le déploiement du véhicule électrique et des infrastructures publiques de recharge est
nettement moins lent aux Pays-Bas ou en Norvège. Ces deux pays européens ont la particularité d'être plus petits que la France, d'être moins administré et de ne pas avoir de constructeurs automobiles nationaux. Les plans sont certainement moins bien mis en scène par les communicants et les politiques mais
les actions prévues sont efficaces et menées à terme dans les délais impartis.
En Norvège, les constructeurs japonais de véhicules électriques
Nissan et Mitsubishi enregistrent des
performances commerciales de premier plan avec la
Mitsubishi iMiEV et la Nissan
Leaf.
Grâce à un gouvernement norvégien qui multiplie les incitations à l'
achat de
voitures électriques,
Mitsubishi Motors Norvège a vendu
1 040 i-MiEV en 2011.
Sur les
1 600 véhicules électriques Mitsubishi vendus en Europe en 6 mois, seuls 32 l'ont été en France.
Jean-Claude
Debard,
Président de Mitsubishi Motors en France qui souhaite donner à la voiture électrique la place qu'elle mérite dans l'hexagone expliquait à la fin de l'année 2011 :
"Tout le monde parle de se donner les moyens concernant le développement de la voiture électrique, mais dans les faits il ne se passe pas grand chose. Je suis convaincu qu'il faut employer les grands moyens si l'on veut voir des voitures électriques à chaque coin de rue : augmenter massivement le nombre de points de recharge publics, accorder la gratuité de stationnement pour les parkings en surface et souterrains et, dans les grandes villes, autoriser la circulation dans les voies de bus. Les voitures électriques sont facilement reconnaissables, cela ne devrait donc pas poser de problème".En Norvège et aux Pays-Bas, les taux de recharge observés sur la voie publique sont significativement supérieurs au 10% retenu pour la France. En Norvège et aux Pays-Bas, il y a des bornes de recharge sur la voie publique, donc des possibilités de recharge. La Norvège compte environ
3 500 bornes de recharge publiques et de l'ordre de
70 bornes de recharge rapide.
Les taux de recharge observés sur la voie publique sont significativement supérieurs au 10% retenu pour la France.
En Norvège et aux Pays-Bas, il y a des bornes de recharge sur la voie publique, donc des possibilités de recharge.
On recense près de 4 000 bornes de recharge publiques en Angleterre (et 80 bornes rapides), près de 4 000 (2014 « publiques » et 1911 « semi-publiques ») aux Pays-Bas (et environ 40 bornes rapides),.......
A fin août 2012, le
gouvernement hollandais avait recensé
5 074 véhicules électriques en circulation dans le pays.
Le site internet http://www.oplaadpunten.nl/ permet de localiser la majeure partie de l'infrastructure néerlandaise de recharge publique dédié.
Au total 3105 bornes sont recensées avec précision et disponibles pour les conducteurs de véhicules électriques.
Des services similaires de localisation des bornes de recharge existent en Norvège.
En Allemagne, les pouvoirs publics structurent un réseau de recharge électrique ainsi qu'un réseau de distribution de 50 stations d'hydrogène opérationnel d'ici 2015 pour ravitailler en hydrogène près de 5 000 voitures à pile à combustible dans les grandes villes allemandes.
Au Japon, le gouvernement japonais organise un maillage du territoire pour permettre la recharge rapide des véhicules électriques sur la voie publique. On recense déjà
1 344 bornes de recharge rapide sur l'archipel, toutes à la
norme CHAdeMO. Le site http://www.chademo.com/ recense les bornes rapides à la norme CHAdeMO installées sur la planète.
En France, il aurait fallu
quatre ans pour installer près de 3 000 bornes publiques de recharge et
10 bornes rapides qui permettent de rouler électrique sans avoir un "fil à la roue". Il reste donc
huit ans pour installer les 397 000 bornes manquantes sur la voie publique....pour recharger les 2 millions de véhicules électriques et hybrides rechargeables attendus.
C'est la tache confiée par Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement Productif, Delphine Batho, ministre de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie, et Frédéric Cuviller, Ministre délégué chargé des Transports de la Mer et de la Pêche, à la « mission Hirtzman » consacrée au déploiement de bornes de recharge pour les véhicules électriques et hybrides rechargeables et au développement de l'électro-mobilité avec un budget dédié de 50 millions d'euros pour l'infrastructure électrique.
Outre l'installation d'un réseau de recharge sur la voie publique, le service visé prévoit la localisation des infrastructures de recharge quel qu'en soit le propriétaire (collectivité locale, propriétaire de parking, opérateur de mobilité etc.). Ce service de base pour rouler en véhicule électrique est en place dans plusieurs pays. En France, seuls quelques territoires spécifiques sont concernés par la localisation ou des opérateurs spécifiques de type parkings, distributeurs, autolib ou concessionnaires automobiles.
L'État sera associé à ce projet, appelé
GIREVE (Groupement pour l'Itinérance des Recharges Électriques de Véhicules), pour veiller à son avancement et à la création de services répondant aux attentes des utilisateurs de véhicules électriques.
N'ayons pas la mémoire courte et apprenons du passé. En 2009, un plan national visant au développement du véhicule décarboné (électrique et
hybride) devait faire de la France un pays référence dans le monde au travers de 14 actions concrètes dont la mise en place d'une infrastructure publique de recharge pour véhicules électriques et hybrides rechargeables dans les communes.
Plus récemment, en avril 2011, le livre vert du sénateur Louis Nègre définissait l'infrastructure publique de recharge électriques visée dans un rapport de 198 pages.
Pour les
25 plus grandes agglomérations de France, un besoin de 7 000 points de charge ouverts au public en 2011 et de 44 000 points de charge ouverts au public en 2014, dont 50% sont destinés à la charge principale en
espace public, était identifié.
L'installation de
44 000 points de charge standard représente un investissement de 88 millions d'euros environ (2 000 euros par borne installée) en matériel et installation électrique.
Hervé Borgoltz,
Président de
DBT-CEV, fabricant français de bornes de recharge électriques qui compte 10 000 bornes installées dans le monde déclare :
"(Or), la démocratisation du véhicule électrique passera inévitablement par la création d'un réseau étendu de bornes publiques de recharge leur permettant d'effectuer tous types de déplacements et de parcourir de plus longues distances. A terme, le développement de ces solutions de charge devrait permettre aux automobilistes de réduire drastiquement non seulement leurs dépenses de carburant, mais aussi leur émission de gaz polluants et le niveau sonore des véhicules en ville."