Cinq jours après le début du pic de pollution et
trois jours avant sa fin programmée, le gouvernement annonce la mise en place de la
circulation alternée lundi 17 mars dans Paris et la région parisienne dès 5h30!D'une
efficacité contestable contre la pollution aux particules, cette mesure tardive reste floue à moins de 24 heures de sa mise en application.
Rappelons en effet que
seule une infime partie du parc automobile français est émettrice de particules fines.
Les véhicules essence n'émettent pas de particules fines.
Quant aux véhicules diesel,
les véhicules mis en circulation après 2005 ne sont pas émetteurs de particules fines.
Les principales sources de particules fines sont
l'industrie, le chauffage (charbon, fuel, bois,...) et le transport routier.
La
part routière dans les émissions de particules est de 14% pour les particules PM10, et 17% pour les particules PM2,5 et 1,0 (Source : Centre Interprofessionnel Technique d'Etudes de la Pollution Atmosphérique (CITEPA) Avril 2013).
L'épisode de pollution qui sévit actuellement sur l'ensemble du territoire français est
principalement dû aux émissions de particules fines issues des centrales à charbon allemandes et du chauffage au bois des pays scandinave. Emporté par les vents sur le territoire français, cette pollution stagne depuis plusieurs jours du fait d'un anticyclone et de la faible force des vents.
Rappelons qu'il y a pollution quand les vents viennent du Nord et de l'Est, jamais avec des vents d'Ouest.
La mesure de circulation alternée en vigueur lundi matin dès 5h30 dans Paris et la région parisienne vise à interdire de circulation dans Paris et la petite couronne
(les départements des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne et de la Seine-Saint-Denis)
tous les véhicules (à l'exception des véhicules hybrides, électriques, GPL et GNV) et les deux roues immatriculés dont les plaques minéralogiques sont impaires.
Tous les
poids lourds seront interdits de circulation ce même jour, à l'exception des véhicules d'urgences et des camions frigorifiques.
A moins de 24 heures de sa mise en application, le dispositif est encore flou.
Certains automobilistes risquent de rester
perplexes devant leur plaque minéralogique. Il existe en France deux types de plaques minéralogiques. Les nouvelles plaquent se terminent par une lettre et les anciennes par le numéro du département.
Le chiffre à prendre en compte est le numéro figurant sur la plaque d'immatriculation (au début ou au milieu de la plaque) et non le département indiqué.
Trois jours avant la fin programmée de ce pic de pollution, la mesure tardive parait
bien plus démagogique que préventive. Certains voyant le gouvernement céder à un chantage démagogique d'Ecologie les Verts à une semaine des élections municipales.
« Il s'agit d'une mesure d'affichage ! » déclare Didier Bollecker, Président de l'Automobile Club association (ACA), avant de poursuivre,
« Dans tous les pays où cette mesure a été prise, elle n'a eu aucun effet. Tant qu'on ne règlera pas les problèmes de fond comme le stationnement, sachant que 20% des voitures roulent pour trouver une place où se garer, on ne règlera rien ! », et de conclure
« Une fois de plus l'automobiliste est une cible facile alors qu'il semble que le chauffage urbain pollue davantage mais personne ne demande d'alterner le chauffage. »Comme si la mesure n'était pas suffisamment floue, le ministre de l'Ecologie annonce une série de dérogation qui réduit la portée de la mesure. L'une d'elles porte sur l'autorisation de circuler dans le cas où trois personnes seraient présentes dans les véhicules. C'est oublier que les franciliens n'ont pas tous les mêmes horaires de travail.
« Il est illusoire de penser que les forces de l'ordre auront les moyens de contrôler toute la circulation francilienne sans donner l'impression que le Gouvernement a déclaré la guerre aux automobilistes. Le rôle des forces de l'ordre doit-il se limiter à sanctionner les franciliens dans leur trajet domicile-travail sous le faux prétexte d'un pic de pollution aux particules fines ? Alors que la réduction de la pollution est déjà en cours, on pourra dire que c'est grâce à cette mesure que l'on résout le problème ? » conclut Pierre Chasseray, délégué général de l'association.
Certains professions ne seront pas astreintes à ce dispositif (notamment les taxis et les professionnels de santé).
Les transportant des handicapés et des personnes à mobilité réduite, les véhicules transportant des médicaments, les véhicules de transport funéraire, les véhicules de déménagement, les véhicules transportant des denrées périssables, les véhicules de livraison, les véhicules de chantier, les véhicules de dépannage, les véhicules de transport de journaux, les camions citernes sont également autorisés à circuler.
Les véhicules dont le déplacement est justifié par les nécessités de l'exercice de missions de service public (police, gendarmerie, pompiers, SAMU, SMUR, véhicules postaux, transports de fonds, ramassage et enlèvement des ordures, etc
) ne sont pas concernés par les mesures de restriction de circulation.
Les transports scolaires, les transports collectifs de salariés, les transports en commun des lignes régulières, les cars de desserte des gares et aérogares et les cars de tourisme demeureront en service.
Les représentants de commerce, les salariés et agents commerciaux bénéficient d'une dérogation leur permettant de travailler normalement.
Les véhicules particuliers transportant trois personnes ou plus pourront circuler quelle que soit leur immatriculation.
L'absence de préparation de cette mesure mise en place par le gouvernement est criante. Elle va à l'évidence générer des difficultés sur la route toute la journée lundi 17 mars 2014 et compliquer la vie des habitants de l'Ile de France.
Quant à son efficacité, elle est scientifiquement plus que discutable.
Les véhicules essence et diesel mis en circulation après 2005 seront interdits de circulation dès lors qu'ils ont une plaque minéralogique impaire alors qu'ils ne sont pas émetteurs de particules fines.
Les contrevenants risquent
une amende de 2ème classe (de 22 à 75 euros, selon que le montant est minoré, normal ou majoré), assortie d'une
mesure d'immobilisation du véhicule éventuellement suivie d'une mise en fourrière.
La mesure a été testée
une seule fois en 1997 pour lutter contre le
CO2. Elle avait générée une belle pagaille sur les routes.
Le dispositif symbolique mis en place tardivement semble improvisé et peu préparé. Les automobilistes franciliens qui utilisent leurs véhicules pour aller travailler risquent de rester perplexes devant une telle improvisation le 17 mars 2014.
Le dispositif pourra être prolongé mardi 18 mars 2014 en fonction de
l'évolution de la situation. Une annonce pour la journée de mardi sera
faite lundi matin.
Philippe Martin,
Ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie a annoncé lundi 17 mars que la circulation alternée
ne serait pas prolongée mardi 18 mars dans Paris et la région parisienne.
La mesure de circulation alternée s'applique à Paris et dans 22 communes des départements des Hauts-de-Seine (92), de la Seine-Saint-Denis (93) et du département du Val-de-Marne (94): Aubervilliers, Bagnolet, Boulogne-Billancourt, Charenton-le-Pont, Clichy, Gentilly, Issy-les-Moulineaux, Ivry-sur-Seine, Le Pré Saint Gervais, Le Kremlin-Bicêtre, Les Lilas, Levallois-Perret, Malakoff, Montreuil, Montrouge, Neuilly-sur-Seine, Pantin, Saint-Denis, Saint-Ouen, Saint-Mandé, Vanves et Vincennes à l'exclusion de l'A86 pour les parties des communes concernées qu'elle traverse.
Le dispositif de
circulation alternée dans Paris et la région parisienne est accompagné de la
gratuité des transports lundi jusqu'à minuit en Ile de France.
Sources: 40 millions d'automobilistes - Automobile Club Association (ACA)
Mis à jour le 17 mars 2014