L'Europe pilote l'évolution du parc
automobile des automobilistes européens en fonction
de la seule mesure des émissions brutes de CO2 au pot d'échappement.
Ce pilotage exclut des solutions au moins aussi efficaces que le 100% électrique.
Certaines filières s'interrogent sur la capacité de l'Europe à faire converger ambitions climatiques et accompagnement des automobilistes si elle exclut des solutions aussi efficaces que le
véhicule électrique.
L'Europe pourrait
calculer les émissions de CO2 sur toute la vie des véhicules et de leurs énergies.
L'Institut Montaigne souligne dans un rapport récent que l'Europe ne peut pas continuer à piloter l'évolution du parc automobile européen en fonction de la seule mesure des émissions brutes de CO2 au pot d'échappement.
C'est une question de respect du principe de neutralité technologique et de bon sens !
L'analyse de cycle de vie consiste à prendre en compte la totalité des émissions de gaz à effet de serre causées par la construction du véhicule et de la batterie et les émissions nettes dues à la production et à l'utilisation de l'électricité et des carburants.
Cette méthode de calcul met en évidence qu'un véhicule
hybride rechargeable flex-E85, fonctionnant pour moitié au
Superéthanol-E85 et pour l'autre moitié à l'électricité,
émet moins de CO2 sur toute sa durée de vie qu'un véhicule électrique à forte autonomie, et cela même avec le mix électrique français, plus décarboné que la moyenne européenne grâce au nucléaire.
Un véhicule hybride rechargeable flex-E85 équipé d'une petite batterie assurant une autonomie de 50 km, utilisé pour des trajets de longueurs variées, peut rouler à 50% à l'électrique.
La petite batterie crée une faible dette carbone de 6 g/km et évite la forte dette carbone (40 g/km) de la batterie 8 fois plus grosse équipant un véhicule électrique assurant 400 km d'autonomie.
La différence de 34 g est supérieure aux émissions nettes du Superéthanol-E85 utilisé sur 50% des distances (25 g).
Au total, on constate dans cette hypothèse un bénéfice en émissions nettes de CO2 de 11 g/km pour le véhicule hybride rechargeable flex-E85.
Hypothèses prises en compte dans ce calcul:15 000 kilomètres par an avec un usage mixte:
1/3 de trajets courts inférieurs à 50 kilomètres
1/3 de trajets moyens compris entre 50 et 250 kilomètres
1/3 de trajets longs compris entre 250 et 500 kilomètres
Cette analyse est corroborée par le rapport de l'Institut Montaigne
« Automobile : feu vert pour une industrie durable » paru le 11 octobre 2021 qui soulève une question fondamentale :
« Comment expliquer (...) que seules les émissions de CO2 liées à la combustion du carburant dans la voiture soient prises en compte, alors que celles liées à la fabrication de l'acier qui la compose ou de la batterie qui l'alimente peuvent représenter plus de la moitié des émissions totales ? ». En prenant en compte également les émissions de la production et de l'utilisation de l'électricité et du carburant, l'étude conclut :
« Cela aurait pour conséquence de ne pas interdire les véhicules thermiques hybrides rechargeables en 2035 (contrairement à ce que propose la Commission européenne), s'ils parviennent à atteindre en vie réelle les niveaux d'émissions aujourd'hui constatés sur les données d'homologation »Si l'électrification du parc automobile est l'une des alternatives disponibles pour répondre à l'urgence climatique, elle ne résout pas à elle seule le problème de la décarbonation du transport à court et moyen terme.
La Commission européenne estime d'ailleurs, qu'en 2030, plus de 85 % du parc automobile européen sera constitué de véhicules équipés d'un moteur thermique dont 5% d'hybrides rechargeables.
Pour décarboner efficacement le parc automobile sans alourdir l'impact sur le pouvoir d'
achat des consommateurs, la Commission devrait prendre en compte les
réductions d'émissions nettes de CO2 permises par les biocarburants et carburants de synthèse.
Certaines filières (dont celle du
bioéthanol) demandent à l'Union européenne de faire évoluer la réglementation européenne afin d'adopter un système d'évaluation juste des émissions des véhicules basé sur l'analyse complète de cycle de vie.
Source : Filière française du bioéthanol
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