Quels sont les facteurs prépondérants qui influent sur la
consommation lors des voyages de plusieurs centaines de kilomètres ?
Commençons par une évidence : le principal facteur influençant la consommation lors de voyages de plusieurs centaines de kilomètres est le choix du véhicule.
Contrairement aux véhicules thermiques, qui permettent à peu près tous de parcourir plusieurs centaines de kilomètres avec un plein de carburant, certains
véhicules électriques ont été initialement conçus pour
des usages ne nécessitant pas une grande autonomie, mais plutôt un format et un poids réduits au maximum (petites citadines), ou encore
une capacité de chargement importante couplée à la possibilité de recharger régulièrement au cours de la journée (utilitaires, transports en communs publics ou privés, flottes commerciales, qui disposent généralement d'une infrastructure de recharge au dépôt). Ce type de véhicules, du fait de leur faible capacité de batterie, de leur consommation élevée, ou encore de leur capacité de recharge rapide limitée, sont ainsi mal adaptés à des voyages de plusieurs centaines de kilomètres sur autoroute ou voie rapide.
Car c'est aussi là un des aspects phares de la réflexion autour de la mobilité électrique : rationnaliser les
caractéristiques des véhicules (taille, poids, puissance…) en fonction de leur usage, afin de réduire au maximum l'impact écologique de leur production et de leur utilisation. Si, sur la durée de vie totale du véhicule, l'empreinte carbone d'une
voiture électrique est déjà bien inférieure à celle d'une
voiture thermique équivalente, cet écart va sans doute encore se creuser dans les années à venir grâce aux progrès technologiques constants que connaît le secteur de l'e-mobilité.
Le second critère impactant le plus la consommation sur de longs trajets est une autre évidence : la
vitesse.
Au volant d'un
véhicule électrique comme de n'importe
quel véhicule, une vitesse plus élevée est synonyme de consommation plus importante. Il est ainsi fréquent de pouvoir gagner plusieurs dizaines de kilomètres d'autonomie en levant simplement un peu le pied. Diminuer sa vitesse permet ainsi de faire des économies sans impacter de manière notoire la durée totale de trajet, ayant ainsi besoin de moins recharger, moins souvent.
Il faut également garder en tête que l'autonomie communiquée par les constructeurs est, conformément à la législation, l'autonomie « WLTP » (Worldwide Harmonised Light Vehicle Test Procedure), à savoir une valeur de consommation mixte, comprenant un cycle urbain, péri-urbain et sur voie rapide. De ce fait,
en roulant uniquement sur autoroute à une vitesse de 110 km/h, l'autonomie réelle sera généralement 30% inférieure à l'autonomie WLTP, et jusqu'à 40% inférieure en roulant à une vitesse de 130 km/h.
En complément de la vitesse, le style de conduite a également un impact majeur sur la
consommation du véhicule électrique.
Les véhicules électriques sont très réactifs à l'accélération, puisque quasiment 100% de la puissance générée par un moteur électrique est transmise instantanément, contrairement au moteur thermique qui a besoin de « monter dans les tours » pour délivrer sa pleine puissance. Une conduite « saccadée » aura ainsi tendance à générer une consommation supérieure par rapport à une conduite plus fluide, plus douce. Le freinage régénératif, qui équipe la plupart des véhicules électriques, permet en partie de compenser ce phénomène.
Une adhérence réduite en raison de la pluie ou de la neige peuvent, comme pour tout véhicule, générer une surconsommation.
Les températures négatives extrêmes peuvent aussi avoir un impact sur l'autonomie du véhicule électrique et donc, indirectement, sur sa consommation. Si l'ampleur du phénomène est très variable selon les modèles de véhicules,
des températures négatives peuvent engendrer une perte d'autonomie de l'ordre de 10 à 20%.
Les
équipements comme les phares, la radio ou les prises permettant de recharger smartphone et tablettes n'ont qu'un faible impact sur la consommation totale du véhicule en circulation.
Par Saul Lopez, Directeur du Développement International chez Zunder, écrit le 29/02/2024